En effet, ce sont des milliers de personnes qui ont battu le pavé pour le 6e vendredi d'affilée. Les femmes sont toujours aussi nombreuses.Ce qui rend la mobilisation, festive, joyeuse, colorée, en témoignent ces familles, ces jeunes, qui portent l'emblème national à côté du drapeau amazigh.Alors que les premiers carrés de manifestants, stationnés sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche et au rond-point d'Amriou, commençaient à avancer, beaucoup d'autres n'étaient toujours pas formés tellement on arrivait encore de tous les quartiers et villages du chef-lieu de wilaya mais aussi de la vallée de la Soummam, du Sahel et des daïras d'Amizour et de Barbacha pour montrer que la mobilisation est générale. Sur deux banderoles géantes, on pouvait lire : "Primauté du politique sur le militaire", ou s'il y a bien un article de la Constitution à appliquer, ce serait : "L'article 7, qui stipule que le peuple est l'unique source du pouvoir". Et bien que l'on ait scandé : "Djeïch, chaab, khawa, khawa" (Armée, peuple, frères, frères), les manifestants ont surtout repris : "Libérez l'Algérie, libérez l'Algérie" ou encore "Assa, azeka, ldzayer tella, tella" (Aujourd'hui, demain. L'Algérie survivra) ; "Ya serakine, klitou lebled" (Bande de voleurs, vous avez pillé (ou bouffé) toutes les richesse du pays) mais aussi : "Djazaïr houra, dimokratia" (Algérie, libre et démocratique) ; "Selmia, selmia" (Pacifique, pacifique) ; "Système et ses dérivés, dehors". Les manifestants, qui ont adapté leurs slogans, n'ont pas omis de répondre à l'ancien SG du FLN, Amar Saâdani, qui revient, comme si de rien n'était, pour orienter le débat. Un groupe de manifestants lui a rappelé sur une pancarte : "Saâdani : 300 000 euros volés". C'est d'ailleurs ce dernier carré qui a clôturé la marche. Les manifestants sont arrivés vers 15h30 au carrefour Nacéria où des centaines de personnes attendaient l'arrivée des carrés de protestataires pour découvrir les slogans, les filmer ou les prendre en photo. Autre symbole de l'ancien régime, Saïda Benhabylès, la présidente du Croissant-Rouge algérien dont la photo a été exhibée par les gens du CRA à Béjaïa. Sur l'une de leurs pancartes, on pouvait lire : "Rendez le Croissant-Rouge aux humanitaires".Une façon de rappeler que celle-ci n'a rien à voir avec l'humanitaire.Il y a lieu de signaler que parallèlement aux frondeurs — mais toujours dans la bonne humeur — qui préfèrent marcher, d'autres manifestations défilaient à scooter, mais aussi en voiture. Avec des drapeaux, ils sillonnaient les quartiers et klaxonnaient. Une femme, handicapée, drapée dans l'emblème national, "a marché" sur sa chaise roulante.