Le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, qui a suggéré, dans un premier temps, une solution "consensuelle", opte désormais pour la manière forte. C'est en des termes très clairs et sans ambiguïté que le général de corps d'armée, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, Ahmed Gaïd Salah, s'est exprimé, hier, pour signifier la fin de la récréation : le président Abdelaziz Bouteflika doit partir. Son entourage aussi. Et comme pour appuyer le caractère grave et intransigeant de la décision, l'annonce a été faite lors d'une réunion tenue au siège de l'état-major de l'ANP, en présence des commandants de forces, le commandant de la 1re Région militaire et le secrétaire général du ministère de la Défense nationale. À la différence donc de mardi dernier, où il suggérait la solution "consensuelle" de l'application de l'article 102 de la Constitution, comme sortie de crise, à l'occasion d'une visite de travail à Illizi (4e Région militaire), Ahmed Gaïd Salah semble, cette-fois-ci, plutôt ferme et catégorique. Il place même la barre un peu plus haut, puisqu'il ne s'agit plus seulement de l'application de l'article 102, mais aussi des articles 7 et 8 de la Constitution. En d'autres termes, le chef d'état-major de l'armée prend carrément le parti du peuple et répond favorablement aux revendications citoyennes du sixième vendredi de manifestations. "(…) la position de l'ANP demeure immuable, dans la mesure où elle s'inscrit constamment dans le cadre de la légalité constitutionnelle et place les intérêts du peuple algérien au-dessus de toute autre considération, en estimant toujours que la solution de crise ne peut être envisagée qu'à travers l'activation des articles 7, 8 et 102", lit-on dans le communiqué qui a sanctionné la réunion, rendu public en fin de journée par le MDN. Et si l'article 7 de la Constitution stipule que "le peuple est la source de tout pouvoir", et que "la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple", il faut dire que l'invocation de l'article 8 par le vice-ministre de la Défense constitue une offre, voire un engagement aussi surprenant qu'inattendu aux revendications du peuple. Voici ce que stipule ledit article : "Le pouvoir constituant appartient au peuple. Le peuple exerce sa souveraineté par l'intermédiaire des institutions qu'il se donne. Le peuple l'exerce aussi par voie de référendum et par l'intermédiaire de ses représentants élus. Le président de la République peut directement recourir à l'expression de la volonté du peuple". Ici, il y a lieu de comprendre que Gaïd Salah fait carrément référence à une refondation institutionnelle. Le chef d'état-major dénonce un complot et promet de sévir Cependant, le général de corps d'armée, qui a rappelé que sa "proposition" de mardi dernier, s'inscrivait "exclusivement dans le cadre constitutionnel", et qu'elle a été accueillie "favorablement" par "la majorité du peuple algérien, à travers les marches pacifiques", a dénoncé "certaines parties malintentionnées (qui) s'affairent à préparer un plan visant à porter atteinte à la crédibilité de l'ANP et à contourner les revendications légitimes du peuple". Il livre même les détails de ce qui s'apparente à un "complot". Selon lui, "en date du 30 mars 2019, une réunion a été tenue par des individus connus, dont l'identité sera dévoilée en temps opportun, en vue de mener une campagne médiatique virulente à travers les différents médias et sur les réseaux sociaux contre l'ANP et faire accroire à l'opinion publique que le peuple algérien rejette l'application de l'article 102 de la Constitution". Ahmed Gaïd Salah va encore plus loin, en soutenant que "toutes les propositions découlant de ces réunions suspectes, qui vont à l'encontre de la légalité constitutionnelle ou portent atteinte à l'ANP, qui demeure une ligne rouge, sont totalement inacceptables et auxquelles l'ANP fera face par tous les moyens légaux". En un mot, le chef d'état-major promet de sévir. Mehdi Mehenni