Me Hakim Saheb a estimé que "les sorties du clan présidentiel et du chef d'état-major de l'ANP participent d'une diversion". Les quatre spécialistes qui ont pris part, hier, à une table ronde organisée par les "débats de l'UMMTO", à savoir Me Hakim Saheb, les professeurs Walid Laggoune, Abdelkader Kacher et Ali Brahimi, ont été unanimes à considérer les dernières annonces qui ont marqué la scène politique nationale comme un refus catégorique du régime de céder au peuple le contrôle de la transition politique. "Alors que nous avions un régime qui passait son temps à violer la Constitution et qui, maintenant que le peuple demande son départ, parle de l'application de la Constitution, cela veut dire que nous sommes devant un régime qui veut à tout prix contrôler la transition. Toutes les réponses qui ont été données ne répondent qu'à deux soucis : un gain de temps pour voir le mouvement populaire s'essouffler et le refus de céder au peuple sur quoi que ce soit en termes de contrôle et d'organisation de la transition", a déclaré Ali Brahimi estimant que la formation d'un gouvernement, hier soir, soit donc avant la démission de Bouteflika, laisse entendre qu'ils veulent interdire au Président qui va venir de nommer un gouvernement et ainsi pouvoir influer sur la transition et empêcher le peuple de choisir un vrai gouvernement de transition. "Pis encore, il veulent encore que ce soit Bensalah qui prenne le relais pour organiser les élections et là nous sommes véritablement dans une situation de déni de droit au peuple algérien", a analysé Ali Brahimi qui n'exclut pas, dans ce même sillage, que "Lamamra qui vient d'être soustrait à ce nouveau gouvernement, soit le candidat du système". Lors de son intervention au cours de cette table ronde intitulée "Quelles solutions pour l'impasse institutionnelle ?", Me Hakim Saheb a, d'emblée, estimé que "les sorties du clan présidentiel et du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, participent d'une diversion, avec en toile de fond une lutte clanique". "Aujourd'hui, on se sert du droit juste pour légitimer des choix décidés ailleurs, autrement, la vacance du pouvoir ne date pas d'aujourd'hui et il fallait que le Conseil constitutionnel s'en saisisse en 2013 ou à la limite lorsqu'il s'est présenté en 2014. Mais le pouvoir a toujours agi hors du cadre constitutionnel", a-t-il expliqué appelant à ne plus s'enfermer dans la Constitution. Abondant dans le même sens, le Pr Abdelkader Kacher a considéré qu'"il n'y a même plus à parler de l'article 102 car il est inopérable". "Lorsque le chef d'état-major appelle à l'application de l'article 102 contre le Président et accepte sans broncher d'être nommé vice-ministre de la Défense dans le gouvernement d'hier par le même Président est une preuve que ce système ne peut pas proposer de solution", a-t-il ajouté. Pour sa part, le Pr Walid Laggoune a estimé qu'"il faut revendiquer la première partie de l'article 102 puis organiser la transition suivant la volonté populaire" car, a-t-il considéré, "les conditions de l'application de l'autre partie de l'article 102 ne sont pas remplies". Pour cause, l'orateur estime que "le gouvernement qui vient d'être formé est anticonstitutionnel". Samir LESLOUS