Si les retraités avaient l'habitude de sortir, à titre individuel, les vendredis, ils ont tenu, hier, à le faire en tant qu'organisation syndicale. Alors que les travailleurs et employés de plusieurs secteurs d'activité et des administrations publiques demeurent toujours mobilisés, les retraités ont tenu, eux aussi, à investir, hier, la rue en tant qu'organisation syndicale. Parallèlement à la grève observée dans certaines administrations déconcentrées de l'Etat, les employés des entreprises publiques, à l'instar de Naftal, de la STH, de Sonelgaz et de l'Odej (Office des établissements de la jeunesse) de Béjaïa ont organisé une nouvelle marche pour dénoncer le système et le nouveau gouvernement de M. Bedoui. Ils ont scandé depuis l'arrière-port jusqu'au siège de la wilaya les slogans habituels "Système dégage", "Chaab yourid iskat nidam" (Le peuple veut la chute du régime), "Ya serakine, klitou le bled" (Bande de voleurs, vous avez pillé les richesses du pays), "Nous voulons la fin du régime"... Les manifestants sont passés devant la place Saïd-Mekebel où les retraités ont organisé un rassemblement. Et si les retraités avaient l'habitude de sortir, à titre individuel, les vendredis, ils ont tenu, hier dans la matinée, à le faire en tant qu'organisation syndicale. Plusieurs dizaines d'entre eux ont, en effet, battu le pavé depuis l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche jusqu'à la Place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel de Béjaïa. Les retraités qui ont scandé à tue-tête : "Vive les retraités", "Pour l'avènement d'une nouvelle République, sociale et démocratique" ainsi que "Pour une Algérie moderne", étaient plutôt remontés contre le régime en place qui fait semblant de ne pas comprendre les revendications du peuple algérien, à savoir le "départ du système et de la bande de voleurs". Ils n'ont pas seulement appelé Sidi-Saïd à dégager, mais aussi "l'UGTA". La compromission de cette organisation de masse, des décennies durant, ne passe pas auprès des séniors qui ne semblent pas croire à un changement de l'intérieur du système. D'ailleurs, ils ont scandé : "Pas d'UGTA, c'est au peuple de décider et d'élire ses représentants." C'est du moins, ce qu'a tenté d'expliquer un cadre à la retraite : "Longtemps, les travailleurs ou les retraités se sont fourvoyés en pensant que l'UGTA allait défendre leurs intérêts moraux et matériels alors qu'au contraire ses dirigeants jouaient aux pompiers et aux sauveurs du système. C'est pourquoi aujourd'hui, on ne demande pas seulement le départ de Sidi-Saïd mais celui de toute la Centrale syndicale UGTA, qui doit être mise au musée. C'est un symbole de l'Algérie combattante, qui ne doit plus être souillé par des vendus."