Le chef d'état-major de l'ANP a réitéré, hier, qu'il restera fidèle aux principes énoncés dans les articles 7 et 8 de la Constitution, qui disposent que la souveraineté revient au peuple. Mais sera-t-il crédité de confiance ? Le chef de l'Etat a obtempéré illico à la sommation d'Ahmed Gaïd Salah qui, réunissant hier l'état-major de l'ANP, a signifié que l'application de l'article 102 de la Constitution devait s'appliquer sans plus tarder, objectant du coup à ceux qui, la veille, dans un communiqué à la paternité douteuse, ont annoncé une démission de Bouteflika avant le terme de son mandat mais après avoir pris des décisions "pour assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'Etat durant la période de transition". Quelques instants après la diffusion des décisions prises par le conclave de l'état-major de l'ANP, Abdelaziz Bouteflika a notifié, selon une dépêche de l'agence de presse officielle APS, au président du Conseil constitutionnel la décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République. Dans la déclaration ayant sanctionné le conclave des "généraux", les accusations à l'encontre du clan présidentiel et de l'oligarchie sont particulièrement graves. L'état-major de l'ANP, qui a agi promptement pour pousser le chef de l'Etat à quitter ses fonctions, a accusé clairement des forces extraconstitutionnelles d'agir au nom de Bouteflika mais, plus grave encore, de travailler à pousser le pays vers une situation de vide constitutionnel. Aussi les accusations pourraient donner lieu à des poursuites. Les jours à venir s'annoncent riches en rebondissements. Mais, plus immédiatement, ce sont les mécanismes institutionnels qui vont se mettre en branle pour pallier la vacance du pouvoir, après cette démission actée de Bouteflika. La Constitution prévoit dans son article 102 qu'en cas de démission du président de la République, le Conseil constitutionnel "se réunit de plein droit et constate la vacance définitive de la présidence de la République. Il communique immédiatement l'acte de déclaration de vacance définitive au Parlement qui se réunit de plein droit. Le président du Conseil de la nation assume la charge de chef de l'Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle l'élection présidentielle est organisée (…)". Plus concrètement donc, c'est Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, qui devra assurer l'intérim du président de la République pendant une période de trois mois, durant laquelle devra être organisée une élection présidentielle. Sur le plan légal, l'option n'est pas contestable. En revanche, elle pourrait l'être au plan politique, car les Algériens qui manifestent massivement depuis le 22 février se sont déclarés opposés à une transition sous la conduite de Bensalah ou d'une autre figure du système. C'est inéluctablement sur cette difficulté que butera l'option désormais engagée sous la pression de l'institution militaire. Car, même dans le cas extrême où il y aurait la conjonction de la démission du président de la République et de "la vacance de la présidence du Conseil de la nation, pour quelque cause que ce soit", c'est le président du Conseil constitutionnel qui assume la charge de chef de l'état. Mais, Belaïz étant un proche de Bouteflika, donc une grande figure du système, il est fort improbable que le peuple l'accepte pour gérer la transition. Aussi, l'armée, puisque c'est elle qui désormais incarne le pouvoir, saura-t-elle "vendre" cette transition, selon l'article 102 de la Constitution, à une rue qui campe toujours sur une position radicale, à savoir le départ de tout le système ? Le chef d'état-major de l'ANP a réitéré, hier, qu'il restera fidèle aux principes énoncés dans les articles 7 et 8 de la Constitution, qui disposent que la souveraineté revient au peuple. Mais sera-t-il crédité de confiance ? Là est toute la question.