Le chef de la diplomatie française a réagi mardi, en fin de soirée, à la démission d'Abdelaziz Bouteflika de son poste de président de la République. Dans une déclaration diffusée par le Quai d'Orsay, Jean-Yves Le Drian considère qu'"une page importante dans l'histoire de l'Algérie a été tournée". Saluant le peuple algérien, il a estimé que "ce dernier a montré, ces dernières semaines, par une mobilisation continue, digne et pacifique, qu'il était déterminé à faire entendre sa voix". C'est donc aux Algériens que revient, selon lui, le mérite d'avoir provoqué le départ de Bouteflika et non pas à l'armée que certains médias en France soupçonnent d'avoir organisé un coup d'Etat. Jean-Yves Le Drian évoque, quant à lui, "une transition démocratique". "Nous sommes confiants, a-t-il dit, dans la capacité de tous les Algériens à poursuivre cette transition démocratique dans ce même esprit de calme et de responsabilité." Depuis le début des manifestations populaires en février dernier, la position de la France a évolué progressivement, laissant clairement paraître, au fil des semaines, une prise de distance avec le pouvoir algérien. Pensant probablement que la contestation allait retomber, les officiels français avaient d'abord commencé par soutenir le déroulement de la Présidentielle qui devait avoir lieu le 18 avril prochain. "Il faut laisser le processus électoral se dérouler en Algérie, un pays dont la stabilité est essentielle", avait affirmé Jean-Yves Le Drian le 6 mars dernier. Une semaine plus tard, il avait "salué" avec le président Emmanuel Macron la décision de Bouteflika de renoncer à un cinquième mandat. Ce salut avait été interprété comme une forme d'ingérence insupportable en Algérie. Des représentants de la diaspora algérienne en France avaient également interpellé le chef de l'Etat français, lui demandant d'arrêter de soutenir le pouvoir algérien. Cette levée de boucliers est intervenue alors qu'au même moment des signes montrant l'effritement du système d'allégeance au clan présidentiel se sont multipliés en Algérie. Sentant vraisemblablement que la fin de Bouteflika approchait, les officiels français ont commencé à tenir un autre langage, affichant leur soutien aux manifestants. "C'est au peuple algérien et à lui seul qu'il revient de décider souverainement de son avenir, et il a montré cette posture au cours des dernières semaines. Il a montré qu'il était déterminé à faire entendre sa voix", avait souligné le locataire du Quai d'Orsay au cours d'une audition au Parlement il y a un peu plus d'une semaine. Vendredi dernier, il avait estimé que "la transition s'imposait" et il a souhaité qu'"elle se déroule dans de bonnes conditions". S. L.-K.