Pour le septième vendredi de suite, la contestation populaire s'est poursuivie à Boumerdès. La démission d'Abdelaziz Bouteflika de la présidence de la République n'a pas suffi à calmer le mouvement de protestation qui ébranle le pays depuis le 22 février dernier. Hier encore, ils étaient très nombreux à sortir à travers plusieurs villes de la wilaya de Boumerdès pour réclamer le changement du système et la traduction en justice de tous ceux qui se sont rendus complices dans la mauvaise gestion et les détournements de fonds qu'a connus le pays durant le règne de Bouteflika. À travers les manifestations d'hier, la population de Boumerdès a rejeté la transition telle qu'elle est suggérée actuellement, menée par Bensalah, Bedoui et Bouchareb. Après avoir rejeté le cinquième mandat de Bouteflika puis le prolongement de son quatrième, maintenant, la rue réclame un véritable changement du système à travers le départ de tous les hauts responsables, y compris le dernier gouvernement, installé il y a à peine une semaine. La mobilisation citoyenne dans la ville côtière de Dellys ne semble pas faiblir. Hier, juste après la prière du vendredi, les citoyens se sont rassemblés pour manifester devant le siège de l'APC. Plusieurs slogans hostiles au régime ont été entonnés par la foule. "Win rahi el-âdala" (où est la justice ?), scandaient les manifestants. "Libérez l'Algérie" et "L'Algérie est une république et non un royaume". Le centre-ville de Bordj Menaïel a été paralysé par la foule, nombreuse, qui est venue manifester. "Non au gouvernement Bedoui", pouvait-on lire sur une banderole où il était également écrit "Non aux Emirats de Ben Zayed". Sur une autre banderole, il était écrit "Macron laissez-nous en paix". Des messages qui traduisent le refus des citoyens de voir les puissances étrangères interférer dans la crise que connaît le pays. La foule a également brandi les têtes de cinq figures du régime, Ahmed Ouyahia, Ali Haddad, Abdelmadjid Sidi-Saïd, Mouad Bouchareb et celle d'Ammar Ghoul. Celles-ci ont été accrochées à une corde ; une scène de pendaison synonyme de sentence pour tous les crimes de dilapidation qui sont reprochés à ces personnalités. Comme d'habitude, le chef-lieu de wilaya a été le théâtre d'une marche grandiose, où ce sont surtout les familles qui ont marqué leur présence. Là aussi, la foule réclamait un changement radical au sommet de l'Etat. "Trouhou ga3 !", scandaient-ils. Nassim Ouhib