Alors que la marche de plus d'une centaine d'étudiants accompagnés par des enseignants, essentiellement de l'université Med-Boudiaf (ex-USTO), venait à peine d'entamer sa longue procession en direction du centre-ville d'Oran, que la nouvelle de la désignation de Bensalah en qualité de chef de l'Etat par intérim, a tôt fait de circuler dans les rangs des manifestants. Et aussitôt, la réaction ne s'est pas fait attendre, car si au départ les slogans scandés par les étudiants d'Oran ciblaient les "3B", par la suite c'est seulement Bensalah qui a été pris pour cible. Des étudiants apprenant la nouvelle accuseront le coup, interloqués : "Donc c'est fait ! Ils ont mis ce Bensalah, c'est lui maintenant le président ?", s'interroge l'un d'eux, qui espérait une autre issue de la session des deux Chambres réunies hier matin. Puis, se reprenant, il lâche : "De toute façon, nous ne reculerons pas, nous ne voulons pas de lui et de toute la bande du pouvoir." Et les étudiants de scander à tue-tête : "Non au pouvoir des clans, des affairistes", "Nous voulons mouhassaba". À ces slogans entrecoupés par l'hymne national Qassaman, suivront d'autres tels que "Algérie libre et démocratique", "Chaque jour nous marcherons". Après avoir parcouru plus de 7 km, munis de pancartes et de banderoles exprimant leur volonté de rejeter l'ensemble du régime, d'user de leur droit d'expression et de choisir la transition, les étudiantes et les étudiants discutent, débattent parfois avec leurs professeurs. Suivis par un service d'ordre qui s'est voulu très discret, les manifestants s'en tiendront à ce qui est prôné depuis le 22 février, à savoir le départ de tout le régime et de l'ensemble du personnel qui l'a servi et s'est servi. Au bout de plus d'une heure de marche, les étudiants ont pu constater encore une fois le soutien de la population, les klaxons, les applaudissements et les youyous des vieilles femmes sur leur passage, pour au final arriver sans encombre devant le siège de la wilaya. Face aux brigades anti-émeutes, un sit-in sera observé, et vers 14h les manifestants se disperseront sans incident.