Le rejet du cinquième mandat pour Bouteflika et du système est porté massivement par la communauté estudiantine. Il était loisible de le vérifier, hier, dans les villes universitaires de toute la région de Béjaïa à Médéa. à l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, les premiers carrés d'étudiants manifestants commençaient à se former dès 9h devant l'entrée du campus Targa-Ouzemour, point de départ d'une impressionnante procession humaine. Des dizaines de milliers d'étudiants, selon diverses estimations, ont marché vers la Place Saïd-Mekbel. Sur l'itinéraire de la marche, des lycéens se joignent à la marche. "FLN barra !", "Système dégage !", "Non au mandat de la honte", "Non au 5e mandat", "Pour un Etat social et de droit" sont autant de mots d'ordre écrits sur des pancartes brandies par les marcheurs. "Y en a marre de ce système, y en a marre de ce pouvoir", "Mazalagh d'Imazighen" sont les slogans qui ont rythmé la marche des étudiants. À11h30, les premiers marcheurs sont arrivés à la place de la Liberté Saïd-Mekbel alors que les derniers étaient encore à la cité Daouadji. À la place Saïd-Mekbel, les manifestants ont observé un rassemblement d'environ 40 minutes. à Tizi Ouzou, des milliers d'étudiants de l'université Mouloud-Mammeri ont marché hier, dans les principales artères de la ville pour dire non au 5e mandat de Bouteflika mais aussi pour dénoncer le système en place dont ils exigent le départ. La manifestation s'est ébranlée depuis l'entrée principale de l'université. "Les étudiants s'engagent, Système dégage", "Citoyenneté active et responsable", "Ni Boutef ni le FLN, l'intérêt de la nation en premier", "Mafia dégage, parole au peuple", "Basta ! Système corrompu", sont les slogans entendus hier à Tizi Ouzou Dans leur procession impressionnante, les étudiants ont aussitôt été rejoints par des élus à l'APW, par des députés, des sénateurs et des représentants de la Ligue algérienne des droits de l'Homme. à Boumerdès, des étudiants étaient, eux aussi, au rendez-vous. La mobilisation a surpris les observateurs par le nombre très important des universitaires venus manifester hier leur rejet du 5e mandat. Les étudiantes et les étudiants des trois facultés que comptent l'université M'hamed Bouguera de Boumerdès l'INH, l'INIM et l'INGM, ainsi que certains de leurs enseignants, ont quitté très tôt les amphis pour prendre part à cette manifestation, qualifiée d'historique par certains participants. Pendant deux heures, les étudiants ont arpenté les principaux boulevards de la ville de Boumerdès, avant de marquer une halte devant le siège de la wilaya puis devant la cour de justice. Les étudiants ont appelé Bouteflika à renoncer à sa candidature. "Le peuple ne veut plus ni de Bouteflika ni de son frère", pouvait-on entendre. Ils ont également dénoncé les soutiens du cinquième mandat qu'ils ont qualifiés d'opportunistes et de corrompus en scandant ‘'Fi Boumerdès makach el cachir'', allusion aux sandwichs servis à ceux qui sont ramenés par bus pour faire office de public lors des meetings des partis du pouvoir. À Médéa, les étudiants, empêchés de sortir de l'enceinte universitaire par les agents de sécurité, ont dû forcer les grilles pour entamer leur marche. Entonnant des chants et scandant des slogans hostiles au pouvoir, le cortège s'est ébranlé du centre-ville, pour passer devant le site universitaire qui abrite la faculté des sciences sociales et humaines et la faculté des lettres et langues étrangères où d'autres étudiants se sont joints à eux. Sur le boulevard de l'ALN, la marche n'a cessé de grossir sur une distance de plus de 2 km pour arriver devant le siège de la wilaya où elle a été rejointe par des groupes de lycéens. Youyous et klaxons, entrecoupés de chants et d'appels à l'annulation du 5e mandat, fusaient au moment où des étudiants montés sur le toit d'un véhicule frigorifique ont entonné l'hymne national. à Bouira, des milliers d'étudiants de l'université Akli-Mohand-Oulhadj, ont battu le pavé, hier, pour dire non au 5e mandat pour Bouteflika et exiger le départ du régime en place. Selon des estimations officielles, ils étaient plus de 5 000 à avoir marché dans un cadre des plus pacifiques. Les étudiants, tout au long de leur procession qui les a conduits vers le siège de la wilaya, ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. "FLN, RND dégage !", "Le peuple veut la chute du régime" ou encore les traditionnels "Pouvoir assassin", "Bouteflika, Ouyahia, gouvernement terroriste"… Sur certaines affiches, on pouvait lire, entre autres, "Système dégage", "Quand l'université se révolte, il n'y a aucune crainte à avoir pour le pays". La foule poursuivra sa marche sous les ovations des passants et les youyous des femmes sur les balcons. Vers 12h30, tout ce beau monde a pris d'assaut l'esplanade de maison de la culture Ali-Zaâmoum, pour scander des slogans antisystème. L. Oubira/K.Tighilt/N.Ouhib/ M. El Bey/R. Bourahla