RESUME : Megdouda n'a pas apprécié que Nawel crie haut et fort qu'elle a été volée. Elle lui demande de partir dès qu'elle ne pourra plus régler sa location. Comment louer et où aller sans argent ? Nawel en est à se demander si elle a fait le bon choix en partant à l'aventure avec son bébé… Durant les cinq jours restants, Nawel est sortie afin de trouver un travail à mi-temps. Elle accepte de travailler même au noir, même de nuit…Tout ce qui compte pour elle, c'est d'avoir une entrée d'argent qui leur permettra de vivre. La chance ne lui sourit pas. Il n'y a pas de travail. Une semaine après son arrivée, elle est contrainte de partir, sous le regard indifférent de Megdouda. Elle semblait attendre son départ pour être sûre qu'elle ne leur fera pas d'histoires. Nawel ignore où aller. Alors elle marche dans les rues, longtemps, ne s'arrêtant que lorsque son bébé pleurait. Le temps de lui donner à téter ou de le changer, dans des toilettes publiques. Durant toute la journée, elle a marché. Elle a aussi évité de regarder en direction des boulangeries ou des marchands ambulants. Elle ne veut pas entendre son ventre crier famine. Elle n'a pas mangé depuis trois jours. À l'hôtel où elle a séjourné, une des femmes de ménage lui apportait des restes du dîner, prise de pitié pour elle. Maintenant, pour avoir une bouchée de pain, elle devra tendre la main. En fin de journée, elle a si faim qu'elle n'hésite pas à entrer dans une boulangerie pour demander un morceau de pain. L'employé a un air désolé. - Je ne peux pas… je travaille ici… - Même de la veille, murmure-t-elle, pour que les clients ne l'entendent pas. S'il vous plaît… - Revenez dans un moment, ce sera prêt. Nawel revient donc, quelques minutes après. Le boulanger avait préparé un petit paquet. Nawel le remercie et part dans un jardin public déguster les gâteaux. - Qu'est-ce que tu fais ici ? entend-elle derrière elle. C'est ma place… Un SDF est arrivé avec quelques sachets et un grand carton. Nawel, instinctivement, prend son bébé. - Comment ça votre place ? - Si tu es à la rue, va vite te trouver un coin où dormir tranquille… Fais gaffe à tes affaires… et au bébé, ajoute-t-il. La nuit est à peine tombée que de nombreux SDF se sont installés dans le jardin, dans les entrées de vieux immeubles. Nawel a l'impression que ses pas la mènent aux endroits déjà pris. À deux reprises, elle a la sensation d'être suivie. Elle prend peur, consciente du danger qu'elle court en restant dans la rue. Le cœur serré, elle pense à son bébé. Elle pleure à chaudes larmes. Elle regrette d'être partie en n'ayant pas où aller. La rue n'est pas le meilleur endroit pour élever un bébé. Elle le savait pourtant. Pour passer la nuit en sécurité, elle s'installe à une cinquantaine de mètres du commissariat du quartier, devant l'entrée d'une boutique. Elle a trop peur pour son bébé pour pouvoir trouver le sommeil. Elle préfère veiller sur son enfant. Au milieu de la nuit, une voiture de patrouille de police s'arrête à sa hauteur. Nawel baisse la tête, feignant d'être endormie. Elle se doute bien qu'ils veulent l'interroger. L'un d'eux descend et s'approche d'elle. - Madame… Madame, réveillez-vous… - Qu'est-ce que vous me voulez ? demande-t-elle, en posant la main sur le landau. - Venez avec nous, lui dit-il. Cet endroit n'est pas fait pour vous… - Je le sais, mais je n'ai pas où aller… - Venez passer la nuit au commissariat, lui propose-t-il. Vous serez en sécurité et vous pourrez dormir un peu. Demain sera un autre jour. Reposée et rassasiée, peut-être que vous verrez les choses autrement ? Le policier insiste tant qu'elle finit par se lever. Elle prend le landau et ses affaires. Elle le suit au commissariat. C'est là qu'elle passera la nuit et, comme elle ne parvient toujours pas à s'endormir, elle finit par se lever. Un policier, proche de la retraite, vient lui tenir compagnie et discuter avec elle. Il lui dit des choses sur la vie, sur les erreurs qu'on ne peut pas corriger et qui chamboulent toute une vie. Qui peuvent même briser toute une famille. Quant aux plus jeunes, c'est leur avenir qui est compromis… (À suivre) A. K. [email protected]