Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Bedoui, Hassan Rabhi, a affirmé, hier, dans une conférence de presse qu'il a animée dans le hall du Palais du gouvernement, que l'interdiction des marches dans la capitale pendant la semaine n'est qu'une rumeur sans aucun fondement. "Faites attention aux fausses informations", a-t-il conseillé. Sans s'aventurer à utiliser le mot "répression" en abordant l'épisode de l'arrosage des étudiants mardi et les syndicalistes hier à Alger, par des canons à eau et des gaz lacrymogènes, en sus des multiples interpellations, le membre de l'Exécutif a soutenu que la préoccupation majeure des autorités nationales est le maintien de l'ordre public et la sécurité des biens et des personnes. Les manifestants ont-ils menacé l'ordre public sans commettre pourtant aucun acte de vandalisme ou de violence même au moment de la charge des Casques bleus ? "Je n'étais pas sur les lieux pour le savoir. Mais j'ai confiance en les forces de sécurité qui ont considéré qu'il fallait réagir à une menace", a répondu M. Rabhi, plutôt mal à l'aise. "Le gouvernement respecte les marches des citoyens, tant qu'elles sont pacifiques. Les manifestations peuvent être infiltrées par des groupes aux intentions malveillantes", a-t-il poursuivi, comme pour insinuer le doute dans les esprits ou peut-être est-ce l'aveu d'une velléité des pouvoirs publics de pousser le soulèvement populaire vers des glissements afin de justifier l'institution de l'état d'exception dont a menacé le général chef du corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, dans son dernier discours. Quoi qu'il en soit, le porte-parole du gouvernement a été formel : aucune déviation de la loi fondamentale ne sera permise. "La Constitution est claire sur la question du processus de transition, quelles que soient les interprétations. Les lois et les Constitutions ne sont certes pas Le Coran. Certaines dispositions ont besoin d'être amendées. Mais aujourd'hui, nous n'avons d'autre voie que celle dictée par la Constitution", a-t-il asséné comme un verdict sans appel. Du point de vue du gouvernement qu'il représente, le peuple a le droit d'exprimer une opinion mais pas d'exiger des changements inconstitutionnels. "Nous savons ce que veut le peuple : la démocratie. Il faut qu'il soit donc conséquent avec lui-même. Sortir du champ de la Constitution nous met dans une situation en contradiction avec les principes de la démocratie", a déclaré le ministre de la Communication. Il a précisé que ce dévoiement "risque de nous soumettre à la critique objective de la communauté internationale". Justifiant la destitution du président de l'APN par l'application de dispositions réglementaires, le conférencier a fait l'impasse sur la question d'une journaliste portant sur l'annulation du scrutin présidentiel du 18 avril 2019 par le président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika, le 11 mars dernier en violation de la loi fondamentale qui stipule que les élections présidentielles, législatives et locales doivent se tenir impérativement aux échéances prédéfinies. Interpellé sur la réouverture des grands dossiers de corruption tel que le promet le vice-ministre de la Défense nationale, Hassan Rabhi a souligné que "la corruption existe dans tous les pays du monde quelle que soit la nature du système". Dans le sillage, il a estimé qu'il faut "donner à la justice l'autorité requise pour prendre en charge cette question avec ce que prévoit la loi". Par ailleurs, il a démenti tout lien de parenté avec le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz. "En trente ans, je l'ai rencontré à deux reprises, lors de l'enterrement de sa mère et dans le cadre des procédures de ma prise de fonction en tant qu'ambassadeur en Chine", a-t-il rectifié. Souhila Hammadi