Des messages qui reprochent à Gaïd Salah d'avoir "trahi ses engagements" disent à Abdelkader Bensalah que "le peuple ne veut pas de lui" et qu'il "n'a pas la stature pour occuper la fonction suprême". Ce huitième vendredi de la contestation, des dizaines de milliers d'Algériens, toutes catégories sociales confondues, ont déferlé sur les grandes artères d'Oran pour exprimer leur rejet de l'installation d'Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat, de la transition conduite par le gouvernement Bedoui et de la tenue d'élections en juillet : "Nous exigeons le départ de tout le système dans son ensemble et nous sommes ici pour dire que nous n'avons pas peur et que nous continuerons à occuper la rue jusqu'à ce qu'ils dégagent tous." Dans leur ensemble, les affiches brandies par les manifestants et les slogans scandés des heures durant n'ont pas changé : ils revendiquent tous le départ des symboles d'un système corrompu qui a accaparé les richesses et les rêves de tout un peuple. Toutefois, de nouveaux messages sont apparus en réponse aux événements majeurs qui ont marqué l'actualité politique algérienne. Des messages qui reprochent à Gaïd Salah d'avoir "trahi ses engagements" disent à Abdelkader Bensalah que "le peuple ne veut pas de lui" et qu'il "n'a pas la stature pour occuper la fonction suprême", et enjoignent aux responsables et autres symboles du système de "prendre votre Constitution et vos élections et de partir". "Nous refusons toute élection organisée par Bensalah, Bedoui et consorts. Ils doivent tous dégager !", résumera l'un des milliers de manifestants qui ont battu le pavé toute l'après-midi sans être inquiétés par les services de sécurité. Certaines pancartes accusaient les responsables d'être à la solde de forces étrangères et de travailler à préserver leurs intérêts en Algérie, alors que d'autres rappelaient la duplicité de chefs de partis politiques qui, après avoir apporté leur soutien à la candidature de Bouteflika et averti contre toute contestation populaire, ont fait mine de rejoindre le hirak. "Ce sont tous des traîtres. Un jour, ils rendront des comptes au peuple et à l'histoire", a juré un manifestant. Aucun sentiment de peur, par rapport à la répression policière qui s'était abattue sur les manifestants à Alger, n'a été ressenti. "Il est trop tard, nous avons rejoint et nous continuerons de marcher jusqu'à ce qu'il ne reste pas la moindre trace de leur présence", ont promis des marcheurs, en dénonçant la répression contre des manifestants pacifiques qui n'ont jamais montré le moindre signe de violence. "Nous sommes avec une police nationale qui protège le peuple et ne réprime pas", pouvait-on lire sur l'une des milliers de pancartes. Ce vendredi, les Oranais ont montré qu'ils étaient déterminés à poursuivre la lutte contre "el îssaba", "la bande de malfaiteurs" qui s'entête à vouloir garder le pouvoir au mépris des exigences de tout un peuple. "Un jour ou l'autre, ils se rendront à l'évidence qu'ils ne pourront rien contre un peuple partageant le même rêve de liberté. Il faudra juste faire preuve de patience", a estimé un enseignant universitaire, convaincu que le système, ses symboles et leurs soutiens finiront par dégager. S. Ould Ali