La place du 1er-Mai a vécu une journée exceptionnelle, hier, à l'occasion du 8e acte de mobilisation nationale contre le système politique. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Connue, depuis le début de la contestation pour être un point de chute des citoyens venus de l'est d'Alger, avant de rejoindre le centre de la capitale, cette place a été envahie dès les premières heures de la matinée par les manifestants. Ils ont commencé à affluer aux environs de 10h, au moment où la place a été encerclée par la police, par petits groupes, certains sont venus en famille. «Descendus» de Belcourt, Kouba, Hussein Dey, Hamma, El Madania et les quartiers est de la capitale, les manifestants étaient en majorité munis de l'emblème national et des pancartes sur lesquelles sont inscrites les revendications populaires contre la gestion de la période de transition par les hommes du système et contre le dernier discours du chef d'état-major de l'ANP qui disait que le peuple a eu ce qu'il voulait avec la démission de Bouteflika. Les manifestants prenaient directement la direction de la Grande-Poste où des milliers de citoyens se sont rassemblés dès la matinée. A 13h30, juste à la fin de la prière de vendredi, une véritable marée humaine s'est déversée sur la place du 1er-Mai, en scandant des slogans contre le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah. «Bensalah dégage, Bensalah dégage», criaient-ils à tue-tête. Plusieurs manifestants ont brandi des pancartes contre Gaïd Salah. «Ce vendredi est celui de la détermination et de réponse à ceux qui disent que les revendications du peuple sont irréalisables», affirme un manifestant, avant que son collègue n'ajoute que «la seule Constitution qui compte aujourd'hui est celle du peuple». Le fleuve humain a emprunté la rue Hassiba-Ben-Bouali avec les mêmes slogans et revendications. Sur une banderole, on pouvait lire : «Arrêt de la Cour suprême du peuple : sont démis de leurs fonctions : Bensalah Abdelkader, Bedoui Noureddine et Tayeb Belaïz. L'ANP est chargée de l'exécution immédiate de cet arrêt». Sur une autre, on lit : «On ne capitule pas». En arrivant au boulevard Amirouche, les manifestants ont interpellé la police pour rappeler à ses agents qu'ils sont, eux aussi, des enfants du peuple. Arrivée à la Grande-Poste, la marche s'est tout simplement transformée en un immense rassemblement de millions de citoyens. La mobilisation a battu le record depuis le début des manifestations, le 22 février. On ne peut plus avancer : toutes les rues d'Alger, et les petites ruelles, sont saturées. De Belcourt au boulevard Zighoud-Youcef en passant par Hassiba et Amirouche, de Port-Saïd à Sacré-Cœur, en passant par la Grande-Poste, place Audin, Didouche-Mourad, Alger s'est avérée très exiguë pour contenir toutes les foules venues exprimer leur attachement au pouvoir du peuple. La manifestation a failli être gâchée par l'utilisation par la police de gaz lacrymogènes à Audin, créant des bousculades et causant des blessures légères à plusieurs personnes. Le cordon sécuritaire impressionnant déployé pour empêcher les manifestants de monter le boulevard Mohammed V s'est finalement retiré sous la pression des manifestants. Jamais un peuple ne s'est mobilisé aussi massivement pour des revendications politiques comme le fait actuellement le peuple algérien. K. A.