Aussi exceptionnelle que lors des vendredis précédents, cette manifestation intervient quelques jours après la nomination du président de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et l'annonce d'une présidentielle le 04 juillet. Pour ce huitième vendredi consécutif, une foule immense a défilé dans le centre d'Alger, pour signifier leur rejet du plan de transition proposé par le pouvoir, et devant se traduire par l'élection d'un nouveau président, le 4 juillet prochain. Une importante mobilisation a de nouveau eu lieu au centre de la capitale. Aussi exceptionnelle que lors des vendredis précédents, cette manifestation est intervenue quelques jours après la nomination du président de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et l'annonce d'une présidentielle le 04 juillet. A 11h00, et devant la Grande Poste, devenue le point de ralliement de la population, des milliers de personnes étaient déjà rassemblées, avant même que la manifestation ne débute officiellement. Déjà qu'avant la prière hebdomadaire, une véritable marée humaine a envahi toutes les rues principales de la capitale. «Bensalah dégage! FLN RND dégagez!», «Système dégage!», «qu'ils partent tous !», «le pays nous appartient, on en fait ce qu'on veut !», ont scandé entre autres les manifestants. La foule compacte a réitéré encore une fois sa volonté d'être gouvernée par des dirigeants bénéficiant d'un réel appui populaire, et surtout qu'ils émergent de ce mouvement pacifique sans précédent. Drapés dans l'emblème national, des jeunes manifestants rencontrés au niveau de la place du 1er Mai ont affiché leur détermination d'arriver à bout de ce système. «Rien ne pourra nous arrêter. On ne cessera jamais de revendiquer le départ de ce système mafieux et corrompu», ont-ils assuré. Interrogés sur l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, nos interlocuteurs ont indiqué: «Ces élections, c'est de la poudre aux yeux. Ils veulent organiser des élections pour trafiquer encore, et pour qu'ils restent au pouvoir». Un retraité rencontré au niveau de la rue Hassiba avec ses deux enfants, a lancé un message à Bensalah : «voyez M. Bensalah, toute le peuple est sorti pour vous dire : Dégagez ! On ne va pas croire que cette élection sera transparente, alors que les mêmes symboles du système et cette administration corrompus vont les organiser». Le président par intérim, Bensalah, a confirmé mercredi 10 avril, que la présidentielle censée consacrer un successeur au président Abdelaziz Bouteflika, éjecté du pouvoir sous la pression de la rue, aura lieu le 04 juillet. Cela est conforme à la Constitution, qui prescrit un scrutin dans les 90 jours suivant la vacance du pouvoir. Etant donné le verrouillage du système politique, les Algériens craignent cependant que ce scénario n'aboutisse à l'élection d'un nouveau cacique du régime. Le chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, a lui aussi mis tout son poids, en faisant savoir qu'il est crucial d'empêcher un «vide constitutionnel». Il a appelé les contestataires à éviter les «slogans irréalistes visant à […] détruire les institutions de l'Etat». Pour cela, Gaïd Salah en a eu, lui aussi, pour son grade. À coup de slogans et de pancartes, des manifestants rencontrés près de la Grande Poste ont demandé à Gaïd Salah d'accompagner les 3B. «Lui aussi est sommé de partir. Après son dernier discours, on se sent trahi», nous a-t-on expliqué. «Gaïd Salah a vendu le match», a-t-on déploré. Sur l'une des pancartes, il était écrit que l'armée n'est pas Gaïd Salah. Alors que sur une autre, on pouvait lire : «fais ton choix : Le peuple ou la 3issaba (gang) !» Une autre convoque sa conscience : «Ya si Gaïd Salah, il vivra celui qui connaît sa dignité». En début de journée, des policiers ont tenté d'évacuer la foule nombreuse, sans toutefois utiliser la force et sans y parvenir. Ils se sont retrouvés en sous-nombre et vite débordés par cette foule qui criait : «Silmiya, silmiya !». Ces derniers leur ont toutefois, ouvert un chemin pour leur permettre de partir, sans violence. «On n'a rien contre vous, on veut le départ de la mafia», ont lancé certains aux policiers. Cependant, vers 16h10, la police utilise des canons à eau contre les manifestants, à Didouche Mourad et à la place Audin, pour disperser les manifestants.