Il a introduit l'indémodable épithète de "Ya Ôo" lorsqu'il invectivait en cette affectueuse pique son ami Boualem Djilali Bennani alias "Omar gatlato" (1976) d'Allouache Merzak. Il aimait taquiner ce macho d'"Omar", eu égard à son air de "redjla" qui le tue. À l'aide de l'humour moqueur des petites gens, il a introduit à l'écran des mots de derdja qui changeaient nos foyers de la langue de bois qui se pérorait de ronronnant tables rondes de "douktour". Lui ? C'est Aziz Degga (1945-2019) ! Le comédien d'obédience humoriste qui a tiré sa révérence en ce jour du seigneur du vendredi 12 avril alors qu'il avait tant à faire pour immortaliser nos contes du terroir et d'enfants. Que dire d'autre, si ce n'est que "Moh S'mina" a donné libre cours à son âme d'enfant lorsqu'il interpréta le rôle d'un guerrier sioux dans le Clandestin (1989) de Benamar Bakhti (1941-2015). Il s'en est allé cet enfant d'El-Biar à son 74e printemps qui évoque le souvenir du défunt lorsqu'il mimait le chant hindou du film Mangala, la fille des Indes à l'Olympia d'Alger. C'était sa façon à lui d'esquisser le sourire sur la mine renfrognée de son ami Omar. Et à ce propos, la cinémathèque d'Alger gardera d'Aziz Degga cet animateur qui illuminait les rendez-vous du musée du cinéma. Outre qu'il était fervent du 7e art, le défunt fréquentait l'ancien théâtre du Mogador à l'époque où Réda Krys et Kateb Yacine égayaient cet antre du 4e art. Donc, autant Omar était macho, autant Aziz Degga ruisselait d'humanisme. Si tant qu'il humanisa de par sa présence, la miséreuse cité des 200 colonnes de Oued Koriche (ex-Climat de France) sis en bas des Tagarins et mitoyen à Bab El-Oued. Repose en paix l'artiste sous la pinède de Aïn Benian. Les cinéphiles ne t'oublieront jamais. N. L.