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Les étudiants de nouveau dans la rue aujourd'hui
Ils disent s'inspirer de la génération de 1956
Publié dans Liberté le 16 - 04 - 2019

"Nous sommes prêts à sacrifier notre cursus et à perdre l'année universitaire, au lieu de dilapider vingt autres années", a lancé un étudiant, qui souligne la volonté d'en finir avec "le régime de Bouteflika et ses résidus".
"Maranach habssine, koul youm massira" (on n'arrêtera pas la contestation, chaque jour une marche). "Talaba youridoun yetnahaw ga3 !" (les étudiants veulent qu'ils soient tous débarqués). Ces slogans, et bien d'autres de même teneur, ont été repris en chœur toute la matinée d'hier par des étudiants qui ont battu le pavé dans l'enceinte même de la Fac centrale (Université Benyoucef-Benkhedda) qui était quadrillée par des forces antiémeutes. Un impressionnant dispositif sécuritaire de chasse-neige et de camions à canon à eau est déployé à l'avenue Docteur-Saâdane, à la rue Didouche-Mourad, ainsi qu'au début du boulevard Mohammed-V. Le décor sécuritaire planté sur ces lieux n'a nullement affecté la résolution des étudiants à poursuivre leur "combat pacifique" jusqu'au départ de tous les "locataires" du système politique.
En effet, la détermination des futurs cadres de la nation reste inébranlable, puisqu'ils se sont donné rendez-vous pour se rassembler de nouveau, aujourd'hui, à la place emblématique de la Grande-Poste, avec d'autres étudiants qui viendront des autres campus universitaires d'Alger et d'autres villes limitrophes, pour réitérer les revendications des 40 millions d'Algériens : "La chute totale du régime, après le départ de Bouteflika." Pendant ce temps, la grève entamée dans les campus depuis dimanche se poursuivra toute la semaine, en attendant vendredi prochain, soit le jour de la 9e grande marche populaire depuis le début de la contestation. L'atmosphère et l'ambiance qui régnaient, hier, aux abords de la Fac centrale ont encore démontré que la mobilisation estudiantine se porte bien et peut même être renforcée aujourd'hui par la grande marche de contestation programmée comme chaque mardi. En fait, ils n'appréhendent aucunement le spectre de l'année blanche brandi par les responsables de l'enseignement supérieur. "Nous sommes prêts à sacrifier notre cursus et à perdre l'année universitaire, au lieu de dilapider encore vingt autres années", lancera Wassim, qui n'omettra pas de souligner la grande résolution des étudiants à en finir définitivement avec "le régime de Bouteflika et ses résidus". "Notre génération s'est inspirée de nos aïeux qui avaient abandonné les amphithéâtres de la fac et rejoint le maquis au lendemain de l'appel lancé par le FLN en 1956. Aujourd'hui, tous ces étudiants-là, enfants du peuple, répondent, eux aussi, à l'appel. Ils sont animés d'une grande volonté pour changer pacifiquement l'ordre des choses en Algérie. Rien ne les arrêtera. Ils iront jusqu'au bout", soutiendra vaillamment notre interlocuteur. Une autre étudiante nous a pris à témoin pour nous parler de la situation révolutionnaire à l'intérieur du campus : "Aucun étudiant n'a rejoint les amphis, nous sommes en grève, nous contestons haut et fort ce régime. Le mot d'ordre est donné depuis le 26 février, soit quatre jours après le premier vendredi de la contestation : nous venons chaque jour à la fac pour exiger le départ de tous les responsables." Après avoir sillonné les allées séparant les bâtiments mythiques de la Fac centrale, les jeunes manifestants pacifiques ont marqué une longue halte devant les grilles de la deuxième entrée qui donne sur la rue Didouche-Mourad. Deux fourgons de Casques bleus et des 4x4 des brigades mobiles sont stationnés en face pour les empêcher de sortir dans la rue. À l'adresse des forces antiémeutes, ils ont crié : "Machi irhab, nahnou talaba !" (ce n'est pas du terrorisme, nous sommes des étudiants), "Nahnou moudhriboune, rafidhoune linnidham, nahnou samidoune lil îssaba" (nous sommes en grève, nous rejetons ce régime, nous résisterons contre cette mafia qui gouverne le pays), ou encore "Barakat, barakat". Lors de ce grand rassemblement, ils ont brandi alors des pancartes qui résument les revendications du peuple et sur lesquelles on pouvait lire : "L'article 37 de la Constitution : les jeunes sont la force vive du pays" et "L'article 7 : le peuple est la source du pouvoir." À la levée du mouvement de protestation, vers 13h30, nous avons quitté les lieux avec la conviction que rien ne fera abdiquer les 1 500 000 étudiants, ni la répression policière ni les promesses politiques non tenues, puisqu'ils ont affiché la volonté de poursuivre inlassablement leur combat et de continuer à battre le pavé de l'Algérie jusqu'au départ du régime politique en place.
Hanafi H.


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