Hier, au troisième jour d'une grève générale de tous les secteurs d'activité et de services, et après la marche des fonctionnaires et travailleurs de l'ADE et le sit-in observé par les employés de la Wilaya devant son siège, des milliers d'étudiants ont à leur tour battu le pavé, en organisant une grande marche qui les a menés depuis le campus universitaire jusqu'au siège de la Wilaya sur près d'un kilomètre. Et puisque, au même moment, Bensalah venait d'être installé comme président de la République par intérim, malgré tous les appels de millions d'Algériens à démissionner et à installer à la place de Bouteflika, un président intérimaire issu du mouvement citoyen ou n'ayant pas des antécédents avec le système, c'est-à-dire une personnalité historique et consensuelle pour pouvoir gérer la période de transition en toute sérénité, les étudiants étaient unanimes à crier des slogans hostiles au système, au pouvoir, à Bensalah, à Bedoui et à Belaïz. Et même à Gaïd Salah, le général de corps d'armée, à qui beaucoup de personnes qui ont marché, pas uniquement les étudiants, reprochaient son manque d'implication pour poursuivre ses engagements aux côtés du peuple, avec le chantier d'une IIe République libre et démocratique, telle que voulue par le peuple et entamée avec la démission de Bouteflika. Ainsi, pendant toute la marche, les étudiants criaient : « Talaba Ghadhiboun, Li Bensalah Rafidoun » (Les étudiants en colère, rejettent Bensalah), ou encore « Bensalah Dégage !», « FLN dégage ! », « Y'en a marre de ce pouvoir » et autres, « Ulac Salah Ulac ». Autant de slogans entonnés par les étudiants qui ont observé un sit-in devant le siège de la Wilaya en reprenant en chœur beaucoup de chants patriotiques dont « Min Adjlika Aachna Ya Watani » ( Pour toi, nous vivons ô Patrie) ; ou encore l'hymne national « Qassaman », avant de faire des déclarations faisant le serment de poursuivre le combat jusqu'au départ de tous les symboles du système, et en annonçant solennellement, ne pas reconnaître l'actuel Président par intérim qui est à leurs yeux , illégitime puisque le peuple a démocratiquement disqualifié à travers les différentes marches organisées depuis plus de sept semaines dans toutes les wilayas du pays, tous les responsables actuels, dont Bensalah. Signalons, à la fin, que dans l'après-midi, après la dispersion des étudiants dans le calme, d'autres groupes de citoyens ont organisé, eux aussi, des marches à travers les principales artères de la ville de Bouira pour dénoncer le coup de force opéré hier par les résidus du système , contre la volonté du peuple, en installant un nouveau Président par intérim. Y. Y.