Le peuple doit s'armer de patience et de persévérance. Car, le régime poursuivra sa conspiration dans l'espoir de briser le mouvement. En dépit des interminables manœuvres fomentées par le pouvoir et visant sa déstabilisation, le mouvement citoyen enclenché il y a plus de 50 jours, tient à maintenir son caractère pacifique. Le hirak a, jusque-là, réussi à déjouer tous les plans machiavéliques élaborés par le régime dans le but de le fragiliser. Grâce à leur vigilance sans faille, prouvée chaque vendredi et les autres jours de la semaine, les manifestants ne sont pas tombés dans les pièges vils, tendus continuellement par le ou les clans du pouvoir en place. À la violente répression à laquelle recourent les services de sécurité, les millions d'Algériens qui battent le pavé depuis le 22 février répondent par un comportement pacifique et civilisé. Ni les menaces proférées dans ses discours par le général de corps d'armée, ni l'asphyxie par les gaz lacrymogènes et encore moins les arrestations arbitraires, le mépris et autres provocations n'ont pu pousser la population, sortie dans la rue, à une réaction impulsive. Ce n'est pas encore gagné. Le peuple doit s'armer de patience et de persévérance. Car, le régime poursuivra sa conspiration dans l'espoir de briser le mouvement. Il continuera à empêcher le libre déplacement des citoyens par des barrages filtrants de gendarmes. Il maintiendra la répression contre les manifestants qui viennent souvent en famille, avec femmes et enfants, ainsi que les personnes âgées. Il cherchera le pourrissement. La vigilance est donc de mise. Le peuple doit protéger sa révolte contre tout complot que trament sans cesse les décideurs du pays et veiller à l'extirper de toute tentative de récupération d'où qu'elle vienne. "Le maintien du caractère pacifique de cette immense mobilisation est primordial en cette période cruciale que traverse le pays", s'accordent à dire les observateurs de la scène politique. "Il faut que nous soyons calmes car notre seule arme contre tous est le caractère pacifique des manifestations", reconnaissent les principaux animateurs de cette révolution. En effet, pour gagner triomphalement ce noble combat — et non pas des batailles seulement — dans lequel il s'est engagé, le peuple n'a d'autre moyen que le chemin du pacifisme. Les acteurs de cette révolte n'ont plus le droit de casser cette extraordinaire dynamique à mi-chemin en faisant le jeu du sérail. Il ne faudra abandonner la contestation que quand toutes les revendications populaires légitimes seront satisfaites. La population exige le départ de tout le système et non pas le changement dans le système. Elle veut clairement montrer la sortie aux trois "B" (Bensalah, Bedoui et Belaïz) qui ont montré leurs limites à gérer cette période de transition. On ne peut plus faire confiance aux résidus du régime de Bouteflika qui a engendré la déliquescence du pays. Outre leur illégitimité, ces responsables ne peuvent aucunement organiser des élections propres et transparentes. À dose homéopathique, certes, mais le système lâche tout de même du lest progressivement. Une chose est certaine : la détermination du peuple à faire disparaître ce système est inébranlable. B. K.