Djamel Ould Abbes reprend ses droits de SG du FLN. Mouad Bouchareb résiste à la contestation interne à son parti et au rejet viscéral de la rue. En retrait de l'activité partisane depuis plusieurs mois officiellement pour cause de soucis de santé, Djamel Ould Abbes reprend ses droits sur la direction du FLN. Jeudi, il a entrepris des démarches en vue de convoquer une session extraordinaire du comité central pour le 23 avril prochain au Centre international des conférences (CIC de Club-des-Pins). Il a, dès lors, adressé une correspondance au wali d'Alger, pour lui demander une autorisation de tenir cette activité, en utilisant l'estampille du bureau politique du Front. Le sénateur a exprimé ses intentions d'enlever les commandes du parti des mains de Mouad Bouchareb, le 9 avril dernier, en marge des travaux du congrès du Parlement réuni en ses deux Chambres. Ce jour-là, il a déclaré à la presse nationale qu'il n'avait jamais démissionné de ses fonctions de secrétaire général. Il l'a démontré en soulignant que les communiqués du directoire du vieux parti unique sont rendus publics sans cachet, car ce dernier est toujours en sa possession. Le sénateur veut conduire à l'élection d'un nouveau SG, en précisant qu'il ne nourrit nullement l'ambition de briguer lui-même le poste. Au cours de la même journée, la démission de Mouad Bouchareb est annoncée par certains médias. Elle est démentie aussitôt par le porte-parole du Front, Hocine Khaldoun, qui a assuré, dans le sillage, que le congrès extraordinaire, programmé pour la fin du mois d'avril courant, sera reporté à une date ultérieure. À l'instar du FFS et du RND, le FLN s'enlise dans la tourmente, à l'ombre de l'insurrection populaire contre le régime. Il est en voie d'avoir une direction bicéphale mais, visiblement, pour une courte durée. Le temps joue inexorablement contre Mouad Bouchareb, dont la chute risque d'être aussi vertigineuse que son ascension fulgurante. Dès le départ, son installation à la tête du directoire du parti, après la mise à l'écart de Djamel Ould Abbes, a soulevé le courroux de membres du bureau politique et du comité central. Ils ont revendiqué l'application de l'article 36 du règlement intérieur. Ce dernier stipule qu'en cas de vacance du poste de secrétaire général, l'intérim serait assuré par le membre le plus âgé du bureau politique, lequel est habilité à convoquer une session du comité central dans un délai de trente jours pour élire un nouveau SG parmi ses membres. La mission devait incomber à Ahmed Boumehdi. La contestation a été néanmoins étouffée jusqu'à l'avènement du soulèvement citoyen le 22 février dernier. Les Algériens qui manifestent par millions, essentiellement le vendredi, ont mis Mouad Bouchareb dans le lot des quatre B (avec Abdelkader Bensalah, Noureddine Bedoui et Tayeb Belaïz qui a cédé à la pression mardi 16 avril), exhortés à quitter les institutions qu'ils dirigent. L'homme, qui a accédé au perchoir de l'Assemblée nationale à 47 ans, subira fatalement le sort de son prédécesseur, Saïd Bouhadja, destitué à la hussarde en octobre dernier. Ejecté de la direction du FLN, il sera sommé, par ses pairs, de présenter sa démission de la présidence de la première Chambre du Parlement. Lâché indubitablement par le régime affaibli, il n'aura pas d'autre choix que de capituler.