Il n'était pas étonnant de voir les photos de Ziari et de Belaïd — qui se sont rendus à la présidence jeudi — brandies au côté de celles de toutes les figures vilipendées depuis le 22 février. Le principal message délivré par les milliers d'Oranais à l'occasion du 9e vendredi de la contestation n'est pas différent de celui des précédentes semaines : le pouvoir et ses représentants sont indésirables, ils doivent dégager. "Il ne s'agit pas seulement des Bouteflika, de Bensalah, de Belaïz ou de Bedoui mais de tous ceux qui composent le système au pouvoir depuis l'indépendance", ont expliqué les manifestants en répétant qu' "il n'y a pas de négociations possibles avec les fossoyeurs de l'Algérie". Les consultations lancées par Abdelkader Bensalah ? "Rejetées et tous ceux qui répondront à cet appel seront considérés comme les alliés objectifs du pouvoir et, par conséquent, ennemis du peuple", ont-ils tranché. Il n'était donc pas étonnant de voir les photos de Ziari et de Belaïd — qui se sont rendus à la présidence jeudi — brandies aux côtés de celles de toutes les figures vilipendées depuis le 22 février. Les Oranais ont exprimé leur refus des consultations, mais aussi rappelé leur rejet de l'élection présidentielle que le gouvernement veut organiser coûte que coûte. "Nous ne voulons pas d'un scrutin arrangé par les mêmes personnes qui sont passées maîtres dans le trucage des élections", ont encore répété les manifestants en scandant des slogans hostiles à Bensalah, à Bedoui, mais aussi à Ahmed Gaïd Salah qui, ont-ils estimé, doit également laisser sa place, "lui qui a toujours soutenu le pouvoir corrompu de Bouteflika". Malgré le temps maussade, les milliers de manifestants, hommes, femmes et enfants, ont défilé à travers les grandes artères et places du centre-ville d'Oran en dénonçant l'obstination du pouvoir à rester en place mais, également, en affirmant leur détermination à continuer de marcher jusqu'à obtenir son départ. "Ils misent sur l'essoufflement du mouvement, la proximité du mois de Ramadhan…, mais nous ne céderons pas et, s'il le faut, nous romprons le jeûne dans la rue !", a juré un manifestant au micro d'un espace de débat organisé face au lycée Lotfi. De nombreux meneurs ont, par ailleurs, appelé les manifestants à rester vigilants face aux tentatives de la içaba d'infiltrer le formidable mouvement pour la liberté. "Il faut rester unis autour du seul et même objectif : le départ de l'ensemble du système en place. Après, il sera toujours temps de débattre et de s'organiser", a expliqué un jeune organisateur. La marche de ce 9e vendredi a également été l'occasion de commémorer le Printemps noir et les 126 morts de 2001, tués pour avoir manifesté contre les pratiques arbitraires du pouvoir Bouteflika. "Le 18 avril 2001, j'avais 8 ans, Massinissa en avait 18. Le 19 avril 2019, j'ai 26 ans, Massinissa aurait pu en avoir 36. Mais", a regretté une manifestante sur une affiche en hommage à Massinissa Guermah. Une minute de silence a été observée en hommage aux militants de la cause amazighe qui ont lutté pacifiquement, malgré la terrible répression qu'ils ont subie.