L'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, était attendu, hier, au tribunal de Sidi M'hamed, à Alger, où il était convoqué. L'ancien Premier ministre et l'actuel ministre des Finances, Mohamed Loukal, étaient tous les deux convoqués devant le tribunal de Sidi M'hamed pour dilapidation de fonds publics. L'information, qui a été diffusée au JT de 20h de samedi, a fait l'effet d'une bombe, puisque dès les premières heures de la journée d'hier, une centaine de citoyens se sont rassemblés devant le tribunal d'Alger. Pots et bouteilles de yaourt en main (il y avait même un panier regorgeant de pots de yaourt), les citoyens présents étaient tout excités à l'idée de voir l'ancien chef de gouvernement entrer au tribunal dans la peau d'un suspect. Même si peu d'Algériens croient qu'Ouyahia ira en prison, reste que pour les citoyens, la symbolique était grande. D'ailleurs, l'un d'eux a exprimé son souhait de voir Ouyahia traité comme l'ont été Kamel Bouakaz et Fodil Dob. Les citoyens rassemblés rue Abane-Ramdane portaient des pancartes et scandaient "Ouyahia, l'Algérie n'est pas la Syrie". La patience des citoyens n'a pas été satisfaite puisque Ouyahia n'a pas pointé le nez du côté du tribunal. Au moment où ces lignes sont rédigées, l'ex-Premier ministre ne s'était toujours pas présenté au tribunal de Sidi M'hamed. D'ailleurs, nombreux étaient ceux qui pensaient qu'il n'allait pas se présenter. Entre ceux qui affirmaient que la convocation ne lui avait pas encore été notifiée et ceux qui pensaient qu'il n'allait pas répondre à la convocation au milieu de cette foule, rares ont été ceux qui croyaient à sa présentation hier.Selon un avocat rencontré sur les lieux, cette convocation établie samedi est énigmatique puisque le parquet ne travaille pas le samedi. Selon des informations recueillies par Liberté, la présentation de l'ex-Premier ministre est programmée pour le 30 avril prochain. En chargeant l'ENTV d'annoncer cette convocation au JT de 20h, on a l'impression que les décideurs ont voulu donner Ahmed Ouyahia en pâture en guise de signe de bonne volonté pour lutter contre la corruption. Mais les citoyens rassemblés, hier, rue Abane-Ramdane ont répondu clairement : oui pour Ouyahia, mais aussi pour tous les autres. D'ailleurs, les citoyens n'ont pas cessé de scander le fameux "klitou l'bled ya sarrakine" (voleurs, vous avez pillé le pays). La foule a affirmé, en chantant, que tout le monde doit passer par la case prison sans oublier le frère de l'ex-Président. "Mazal Saïd", clamaient les présents. Diversion ou réelle convocation, la question reste posée, puisque le ministre des Finances, Mohamed Loukal, alors qu'il était attendu au tribunal, a préféré présider la cérémonie d'installation du nouveau directeur des Douanes.