Résumé : Mohand continue son récit et apprend bien des choses à Belkacem. Ghenima, après avoir erré toute une journée dans la forêt et risqué sa vie, était revenue au village et était venue le retrouver pour lui demander de la cacher jusqu'à ce que les choses se tassent. Mohand ne pouvait refuser de l'aider. Mohand soutint le regard de Belkacem. - Je n'en sais rien. J'ai consenti à héberger Ghenima afin de lui éviter de s'enfuir une seconde fois. On ne ressort pas indemne de la forêt à tous les coups, tu le sais bien. Mais pour être franc, juste après l'enterrement de ma mère, je ne savais plus quoi faire. Je voulais discuter avec Ghenima. J'ai attendu alors la tombée de la nuit pour me hasarder à redescendre jusqu'à la grange et lui ramener à manger, et ensuite tu es arrivé. - Où est-elle ? Où se cache-t-elle donc ma sœur ?, s'écrie Belkacem en se relevant. Une petite silhouette sortit de l'arrière de la grange et Belkacem fut frappé par les traits tirés, et les yeux cernés de sa jeune sœur. Elle se jette dans ses bras en sanglotant. - Pardonne-moi, mon frère. Pardonne-moi. Je ne voulais pas vous déshonorer, mais je n'avais pas le choix. Puis sans laisser le temps à son frère de réagir, elle s'éloigne de deux pas et lui tendit son cou. - Tu peux m'égorger, Belkacem. Tu peux laver l'affront et montrer au village que l'honneur de la famille est sauf. Tu me délivreras alors d'un grand cauchemar. Je ne serai pas l'épouse de ce charognard. Belkacem l'attire contre lui et se met à lui caresser les cheveux. Il la sentit tremblante et si chétive dans ses bras. Des larmes lui vinrent aux yeux. - Cesse donc de te tourmenter, petite sœur. Certes, tu as fauté en quittant la maison. Ta fugue n'est pas passée inaperçue dans la famille. Mais personne au village, hormis Mohand, n'est au courant. Tu veux donc que je donne l'alerte alors que je te retrouve au moment où je perdais l'espoir de te revoir. - Mais je ne veux pas rentrer à la maison, Belkacem. Je ne veux pas rentrer et affronter la colère de mon père… et de Mokrane. Belkacem ébauche un sourire triste. - Mokrane s'est réfugié dans le vin. Il n'est même pas au courant de ta fuite. Mais je vais arranger ça auprès de père et des autres. Je dirais que je t'ai retrouvée au bord de la route errant comme une âme en peine. Tu voulais mettre fin à tes jours, mais tu n'en avais pas eu le courage, et lorsque tu m'as vu, tu n'as pas hésité à me suivre. Ghenima écarquille les yeux. Elle n'en croyait pas encore ses oreilles. - Tu feras ça, Belkacem ? Tu feras ça ? Tu me trouves à l'intérieur d'une grange avec un homme et tu vas inventer toute une histoire pour me protéger ? Tu ne te sens pas un peu frustré ? - Pas du tout. Tu as eu la chance d'avoir été hébergée par Mohand. Sinon, qu'aurais-tu pu faire d'autre ? T'aventurer en dehors du village, comme tu as déjà tenté de le faire et te faire dévorer par des animaux sauvages ? Non, Ghenima, ma sœur. Je suis si heureux de t'avoir retrouvée saine et sauve que rien ne pourra m'affecter. Tu as fugué et tu as transgressé les mœurs, mais tout compte fait, qui est le fautif derrière tout ça ? Hein ? - Aïssa. - Non. Dis plutôt notre père. Tu as été le bouc émissaire d'une situation biscornue. Voilà tout. Mais je crois que je pourrais retirer cette épine de ton pied. Allez, viens. Rentrons chez nous, nous sommes trop fatigués tous les deux pour nous attarder davantage. (À SUIVRE) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.