Résumé : Belkacem en apprend des choses auprès de Mohand. Il comprend amplement la souffrance de son ami et son désarroi face à une situation qui dépassait tout entendement. Le jeune homme découvre aussi l'idylle qui s'était nouée entre sa sœur et Mohand. Et les intentions honnêtes et sincères de ce dernier. Mohand baisse les yeux. - Oui. Nous nous aimons. Nous nous sommes toujours aimés. Je l'ai toujours préférée à d'autres filles. Elle était si pudique, si sage, si pleine de vie. Je n'aurais pu trouver meilleur parti. - Tu ne craignais pas… Mohand lève la tête et sa main en même temps. - Non je ne craignais rien. Notre amour est sincère. Et j'aurais préféré mourir que la perdre. Je te le jure. - Je te crois. Mais, Mohand, tu aurais pu m'en parler. Peut-être que… - Arrête, Belkacem ! Qu'aurais-tu pu faire donc ? Consulter ton père ? Il t'aurait envoyé sur des roses. Il fallait impérativement compter tout d'abord sur la présence de mon père et de mon frère aîné. Je pensais alors les informer et nous aurions tous ensemble étudié très sérieusement la question. Je ne sais pas ce qu'auraient pu penser tes parents, car je suis forgeron, mais je n'aurais pas lâcher prise de sitôt. Belkacem se met à rire. - Tout comme Aïssa, tu veux dire. - Je ne plaisante pas, Belkacem. - Mais moi non plus, mon cher. Je sais que l'affaire n'aurait pas marché comme sur des roulettes, mais Mokrane et moi aurions pu intercéder dans cette affaire. Nous t'estimons bien, tu es quelqu'un de brave et de généreux, et Ghenima n'aurait pas trouvé mieux comme mari, d'autant plus qu'elle t'aimait. Là au moins, les jeux sont clairs. Forgeron ou pas, après tout tu es un homme simple, sincère, travailleur et un vrai paysan, comme nous tous. - Je te remercie, mon frère. Mais écoute donc la suite de mon récit. - Ah oui ! Je ne sais pas encore où était passée ma sœur ? - Eh bien, moi non plus jusqu'à ce que je la retrouve dans la remise. - Tu veux dire chez toi ? Alors que la maison était pleine de gens. Et qu'on veillait ta mère ? - Oui. Nous avons terminé de dîner, moi et Amar. En fait nous avions fait semblant, car aucun de nous n'avait faim. Tu en connais les raisons. Mais comme mon frère rentrait de loin et que j'étais mal en point, nous nous sommes mutuellement soutenus dans cette douloureuse épreuve. Mais le cœur n'y était pas. Amar avait fini par aller rejoindre ses enfants et sa femme, et moi je suis sorti pour prendre un bol d'air. Il faisait un froid de canard dehors et j'étais emmitouflé dans ma couverture et tremblant de fièvre. À un moment donné, j'avais eu envie d'une cigarette. Je suis retourné alors dans la remise et je me suis retrouvé face à face avec Ghenima. - Mais où était-elle donc passée le reste de la journée ? - Elle était dans la forêt. Elle avait affronté seule les dangers et les aléas de sa courte aventure. Mais après avoir failli se faire dévorer par un loup, elle avait décidé de rentrer au village et de venir me retrouver dans la grange. Elle ne savait pas encore pour ma mère. Ce n'est qu'en arrivant au village qu'elle avait appris la nouvelle. Elle s'est donc faufilée à travers les femmes, mais n'avait pu se montrer. Ses vêtements étaient en lambeaux, et elle était affamée. Je l'ai trouvée d'ailleurs en train de gratter le fond du plat de couscous. - Et qu'as-tu fais ensuite ? - Eh bien, le premier effet de surprise passé, je lui ai posé bien sûr des questions. Elle m'avait alors demandé une dernière faveur, celle de l'héberger pour quelque temps, jusqu'à ce que les choses se tassent et mes plaies se referment. - Et après ? Qu'auriez-vous fait tous les deux ?
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