Hier matin les robes noires d'Oran ont organisé une marche qui les a menées du palais de justice, dans le quartier de l'Usto, au tribunal correctionnel de la Cité Djamel, quelques centaines de mètres plus loin. Ils étaient quelque 500 avocats, selon les estimations du bâtonnat, à battre le pavé pour exprimer leur rejet du pouvoir en place, pour exiger le départ des Bensalah et Bedoui, et réclamer l'instauration d'un Etat de droit qui réhabiliterait le métier d'avocat. Portant le drapeau national et des banderoles et affiches appelant notamment à l'indépendance de la justice et à l'instauration d'un Etat de droit, ces derniers, encadrés par un dispositif de police, ont scandé les slogans habituels réclamant le départ du système. Au tribunal de la Cité Djamel, les manifestants ont observé un sit-in pendant lequel ils ont appelé les magistrats à se joindre à leur mouvement. Plus loin, une avocate a exprimé son inquiétude de la multiplication des interpellations des hommes d'affaires ces derniers jours. "Je suis inquiète parce que la justice a été actionnée par le général-major Gaïd Salah. Ce n'est pas le rôle du militaire d'intervenir dans la vie publique et ce n'est pas dans l'intérêt de la justice et de la démocratie que des juges acceptent cette immixtion", a-t-elle estimé.Peu après, ce sont les étudiants d'Oran qui, eux aussi, ont participé par centaines à leur marche partant de l'université Med-Boudiaf ex-Usto, pour se diriger ensuite vers la wilaya. Ils ont réitéré leurs revendications, durant la marche : "Nous ne voulons pas de ce régime, ils doivent tous partir et nous voulons, nous et le peuple, désigner ceux qui conduiront une transition." D'autres feront référence aux élections programmées du 4 juillet et qu'ils rejettent totalement. Ils tiennent surtout à montrer qu'en plus d'une grève qui perdure depuis des semaines paralysant les universités d'Oran, les étudiants entendent rester à la pointe de la mobilisation. En plus des pancartes sur lesquelles on pouvait lire maints messages hostiles au régime, les étudiants ont choisi le tribunal de la Cité Djamel pour faire une halte, haranguant les magistrats en criant : "Magistrats, on n'est pas bien ! magistrats n'ayez pas peur des pressions". À noter que, comme chaque mardi, des enseignants ont accompagné et soutenu leurs étudiants en participant à la marche d'hier.