Le placement sous contrôle judiciaire du patron de Cevital, Issad Rebrab, a été vivement dénoncé par les milliers d'étudiants de Bouira qui ont battu le pavé, hier, pour exiger le départ du système. En effet, pour la communauté estudiantine de Bouira, le patron de Cevital est victime d'un "règlement de comptes au sommet". "Comment est-il possible que des personnes, telles que Saïd Bouteflika, Bouchouareb et tant d'autres, ne soient nullement citées ou convoquées par la justice, alors qu'un homme qui a consacré sa vie à la création de richesses en Algérie soit derrière les barreaux ?", s'offusquera Aziz Rachedi, un étudiant contestataire. Pour sa part, Kaci Saïdani, membre actif du collectif estudiantin de Bouira, a qualifié la mise sous contrôle judiciaire de M. Rebrab comme une "forfaiture" commise à l'égard d'un honnête citoyen. "Il est vraiment désolant de constater que la justice de notre pays soit utilisée à des fins personnelles. La justice de la nuit est toujours d'actualité", a-t-il déploré. Et d'ajouter : "Le peuple n'est pas dupe de leur scénario machiavélique visant à semer la division au sein du mouvement populaire." D'ailleurs, des slogans pro-Issad Rebab, tels que "Chaâb maâk ya Rebrab" ou encore "Non à la justice des deux poids, deux mesures", ont été scandés par les étudiants. "Il faut rester mobilisés et surtout prudents face aux manœuvres du système qui tente par tous les moyens non seulement de se régénérer, mais aussi de régler ses comptes sous le couvert de la révolte populaire", ont-ils mis en exergue. Avant cela, une marche imposante a été organisée à l'appel du collectif des étudiants de Bouira. Ainsi, c'est vers de 10h30 que des centaines d'étudiants se sont massés devant le portail principal du pôle universitaire, d'où ils ont décidé d'entamer leur procession. Banderoles et emblème national, ainsi que le drapeau amazigh ont été déployés côte à côte, signe que cette marche est celle de l'Algérie tout entière, une et indivisible. sur certaines affiches, on pouvait lire, entre autres, "Système dégage", "Quand l'université se révolte, il n'y a aucune crainte à avoir pour le pays", ou bien "Rendez-nous notre Algérie". Lors d'une halte devant les locaux de la 2e Sûreté urbaine de Bouira, les manifestants ont invité les policiers à rejoindre le mouvement : "Ya el-polici ! Nahi el kaskita w arwah maâna" (policier, enlève ton képi et rejoins-nous). La foule poursuivra sa marche sous les ovations des passants et les youyous stridents des femmes qui admiraient la scène du haut de leurs balcons. Midi, les carrés des marcheurs commençaient à arriver devant le siège de la wilaya, devant un discret dispositif sécuritaire. Là, une brève prise de parole a été improvisée pour réitérer les mêmes revendications, à savoir le départ du régime. Avant les étudiants, les fonctionnaires et les ouvriers de l'université Akli Mohand-Oulhadj de Bouira, affiliés à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ont organisé une marche dans les rues de Bouira, afin d'exiger le départ d'Abdelmadjid Sidi-Saïd et de tous les symboles du système.