"Partez tous ! Nous voulons une Algérie libre et démocratique, laissez-nous bâtir notre pays", nous dit une manifestante. Mobilisés comme jamais, les Constantinois par milliers ont, une fois de plus, montré, lors de ce 10e acte de mobilisation citoyenne, une détermination sans faille à faire partir le système et toutes les figures du sérail des deux précédentes décennies à l'origine de la situation chaotique sur le plan tant politique, économique que social, dans laquelle se retrouve le pays.Aussi, ils ont fait entendre leur voix pour réaffirmer leur refus total à la tenue de la prochaine élection présidentielle prévue le 4 juillet prochain. En effet, des femmes, des hommes, des enfants et des familles entières, venus de tous les coins de la wilaya, ont investi les principales artères de la ville des Ponts, drapés dans l'emblème national et munis de banderoles, d'affiches et de pancartes appuyant leurs revendications et prouvant leur résolution à atteindre leur objectif. Sur les pancartes portées par les marcheurs, on pouvait lire : "Une démocratie, pas une caserne", "Bensalah, Bedoui, dégagez", "Libérez l'Algérie" ou encore "Non à la justice de la nuit, non à la justice du téléphone". Très explicite et montrant clairement l'implication des autorités dans le récent drame survenu à la Casbah d'Alger, beaucoup de pancartes dédiées aux victimes de cette tragédie ont également été brandies lors de ce dixième vendredi successif de la marche du peuple. Dans une ambiance empreinte de beaucoup de détermination, les Constantinois ont sillonné lentement l'itinéraire traditionnel emprunté depuis le début des manifestationss, à savoir le boulevard Abane-Ramdane, la place des Martyrs et le boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean), avant de revenir vers la place des Pyramides, scandant des slogans hostiles au régime, entonnant des chants patriotiques, improvisant parfois des envolées hostiles au régime dans sa globalité. Parmi les slogans qui ont marqué ce vendredi, "L'El-Harrach jibou Sellal, jibou Saïd, jibou Ouyahia", "Viva l'Algérie, yetnahaw ga3, notamment "Bensalah dégage" ont rythmé la majorité de la procession titanesque. Autre slogan repris à l'unisson et en boucle : "Lebled bledna ou hna nebniwha" (le pays nous appartient et c'est à nous de le reconstruire). Pendant plus de trois heures, les milliers de marcheurs n'ont pas ménagé, surtout les frères Bouteflika et les partis politiques de l'allégeance, accusés de constituer le lit et la caution d'un pouvoir "pourri", corrupteur et corrompu, à l'origine de tous les malheurs du pays. "Encore une fois, nous sommes descendus dans la rue pour leur montrer que ce peuple n'est pas dupe et pour dire à Gaïd Salah que nous ne tolérons pas ces manœuvres et que nous sommes contre l'ingérence de l'armée dans la chose politique. Partez tous, nous voulons une Algérie libre et démocratique, laissez-nous bâtir notre pays", nous dit Rihab, une jeune manifestante.