Les pancartes brandies par les marcheurs exprimaient l'hostilité à toute proposition émanant du régime, y compris du chef d'état-major de l'armée. Depuis le début de la mobilisation populaire, il s'agit sans doute de la plus forte manifestation estudiantine dans la Ville des ponts. Une mobilisation inédite des étudiants depuis la première marche organisée par cette communauté à Constantine, le 26 février dernier. Aussi spectaculaire que grandiose, la 8e marche des étudiants et enseignants des universités, instituts et facultés de Constantine contre le régime politique en place en ce 16 avril, qui coïncide avec la Journée du savoir, confirme, si besoin est, la détermination de la communauté universitaire d'en découdre avec le pouvoir. Plus organisés que jamais, des dizaines de milliers d'étudiants et d'enseignants pacifiques ont investi, hier, les campus dès les premières heures de la matinée avant de rallier, à 11h, le centre-ville. Drapés dans l'emblème national, ils étaient aussi, pour la plupart, munis de pancartes, d'affiches et de banderoles appuyant leurs revendications et prouvant leur résolution à atteindre leur objectif, celui de provoquer le départ de tout le personnel politique dont le triumvirat Bensalah, Bedoui et Belaïz. C'est d'ailleurs en pleine marche qu'ils apprirent la démission de ce dernier. Développement qu'ils accueilleront avec beaucoup de soulagement. En première ligne de la gigantesque marée humaine qui s'est dirigée vers le boulevard Abane-Ramdane, une centaine d'enseignants aussi convaincus que leurs disciples. À 11h, l'impressionnante procession formée par les étudiants des trois campus de la capitale de l'est du pays et ceux des facultés de médecine, d'architecture et d'urbanisme de Constantine (Zarzara), et par ceux de la faculté des sciences vétérinaires a assailli la quasi-totalité du centre-ville. De plus en plus nombreux, les manifestants ont convergé vers les principales artères et places de la ville. Les pancartes brandies par les marcheurs exprimaient l'hostilité à toute la proposition émanant du régime, y compris du chef d'état-major de l'armée aussi manifestement exprimée. On pouvait lire : "Bensalah, Bedoui, dégagez", "Nous sommes avec l'armée, pas avec Gaïd", "Yetnahaw gaâ, maânet'ha gaâ", "Libérez l'Algérie". Puis, les étudiants ont sillonné lentement la place des Martyrs où ils y ont tenu un rassemblement de plusieurs minutes, puis le boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean), avant de revenir vers le boulevard Abane-Ramdane en scandant, tantôt des slogans contre le système en place, tantôt contre le gouvernement, et notamment contre la désignation d'Abdelkader Bensalah, célébrant avec de nouveaux slogans, des youyous et des applaudissements la démission annoncée du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, qu'ils venaient d'apprendre.