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Louisa Hanoune : "L'arrestation de Rebrab suscite des interrogations" Elle s'interroge sur le timing de l'opération, sa célérité et sur l'indépendance de la justice
Comme nombre d'observateurs, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, trouve suspecte l'arrestation du patron de Cevital. Devant l'organisation des jeunes révolutionnaires de son parti, réunis hier à Alger, Louisa Hanoune, SG du Parti des travailleurs (PT), a estimé que l'arrestation d'Issad Rebrab suscite moult interrogations. "Sans interférer dans les affaires de la justice, nous constatons dans cette escalade que l'arrestation d'Issad Rebrab soulève moult interrogations, car cet homme d'affaires a été victime de pratiques discriminatoires et d'ostracisme en violation des lois de la République", a-t-elle dit. "La dernière violation a porté sur le projet EvCon relatif à la production de l'eau ultra-pure. Nous avons tous suivi comment la douane a refusé d'appliquer une décision de justice du tribunal de première instance et comment un centre politique a fait appel à la décision du tribunal sur la base d'un rapport d'expertise erroné, ce qui a amené cet homme d'affaires à délocaliser son projet en France au détriment de l'économie et des besoins nationaux", relève-t-elle encore. Et si, à l'instar de nombreux Algériens, elle demeure favorable à la lutte contre la prédation et contre la corruption, elle considère, en revanche, que le timing, le choix des cibles et le silence de l'appareil judicaire, ainsi que le chef d'état-major pendant plusieurs années confèrent à ces arrestations des objectifs inavoués. "Personne ne peut nous accuser de défendre l'oligarchie prédatrice car nous sommes de ceux qui l'ont combattue et nous en avons payé le prix : en 2016, à travers l'offensive sauvage contre le parti, et en 2017, lors des élections, les organisateurs se sont vengés sur le PT. Nous n'avons pas cessé de présenter des preuves sur le caractère mafieux de l'économie, avec des chiffres officiels (…)", a-t-elle avancé comme pour écarter toute accusation de parti pris de sa part. "En réalité, à travers cette opération ‘coup-de-poing', ils veulent nous faire croire que ce système est réformable pour peu que les personnes proches de la famille Bouteflika soient écartées de leurs postes ou arrêtées. Or, tout le système est corrompu et corrupteur". "La même justice a fermé les yeux sur toutes ces dérives durant des décennies car elle n'est pas indépendante en raison de l'interférence de l'Exécutif. Qui peut donc croire aujourd'hui au miracle d'une justice devenue indépendante ?", se demande encore la SG du PT, non sans observer que les personnes ne comparaissent qu'au tribunal de Sidi M'hamed, "comme si les autres wilayas étaient épargnées". Sur un autre registre, elle relève que la référence à la Constitution, un choix défendu par Gaïd Salah, est à géométrie variable. "En réalité, tout le monde a enregistré et dénoncé que le respect de la Constitution auquel appellent certains est à géométrie variable et sélectif (…) Il est donc légitime de conclure et de déduire que la campagne de lutte contre la corruption peut être un moyen de détourner l'attention des véritables enjeux du moment, à savoir le départ du système". Par ailleurs, Louisa Hanoune a appelé à donner du "contenu" aux revendications de la dynamique populaire, invitant les manifestants à tirer les leçons de l'expérience tunisienne. Elle estime, dans ce contexte, que les travailleurs, les fonctionnaires et les syndicalistes, eu égard à leur capacité à se constituer en force unifiée, sont à même de faire aboutir l'objectif de "les faire partir tous", revendication chère aux manifestants. K. K.