La télévision publique et d'autres chaînes annonçaient, dès 10h, "l'arrestation" d'Issad Rebrab et ajoutaient, sans citer aucune source, qu'il allait être "présenté devant le procureur à l'issue de son audition". Voilà donc des médias qui savaient, à l'avance, tout de ce qui allait se produire ! Le président du groupe Cevital, Issad Rebrab, a été entendu, hier, par la brigade des investigations de la Gendarmerie nationale de la wilaya d'Alger. Dans la matinée d'hier, Issad Rebrab s'est rendu à la brigade spécialisée de Bab Jdid, où il a été question de répondre à des interrogations portant sur l'importation de la machine EvCon dédiée à l'implantation, en Algérie, de l'une des usines du projet de production d'eau ultra-pure. "Dans le cadre des blocages de notre projet EvCon, je me suis présenté de nouveau ce matin à la brigade de gendarmerie de Bab Jdid. Nous poursuivrons l'étude de l'affaire de nos équipements retenus au port d'Alger depuis juin 2018", a annoncé le président du groupe Cevital sur son compte twitter. Tôt le matin, la télévision publique s'est illustrée par l'annonce de "l'arrestation" du président du groupe Cevital, Issad Rebrab, alors que ce dernier s'entretenait encore avec les éléments de la brigade des investigations de la Gendarmerie nationale. "L'homme d'affaires Issad Rebrab a été arrêté pour suspicion de fausses déclarations relatives au transfert de capitaux de/et vers l'étranger et de surfacturation dans des opérations d'importation de matériel et importation de matériels usagés alors qu'il avait bénéficié des avantages douaniers, fiscaux et bancaires", a indiqué la télévision publique avant même que le président de Cevital ne finisse ses entretiens avec les enquêteurs de la Gendarmerie nationale. Le scénario était comme écrit d'avance. De fait, la télévision publique et d'autres chaônes annonçaient, dès 10h, "l'arrestation" d'Issad Rebrab et ajoutaient, sans citer aucune source, qu'il allait être "présenté devant le procureur à l'issue de son audition". Voilà donc des médias qui savaient tout de ce qui allait se produire ! Troublant ! Ce fut le cas aussi pour Ahmed Ouyahia et Mohamed Loukal, respectivement ex-Premier ministre et ministre des Finances, dont les convocations qui leur sont adressées par la justice étaient annoncées par la télévision publique bien avant qu'elles n'atterrissent chez leurs destinataires. Un procédé qui en dit long et qui renseigne, probablement, sur un schéma préétabli dont l'objectif reste jusqu'ici ambigu et inexpliqué. Dans l'après-midi d'hier, Issad Rebrab a été présenté devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed, comme pour confirmer que le scénario arrêté était exécuté à la lettre. Selon des sources du groupe Cevital, sur le PV de l'audition remis au procureur près le tribunal de Sidi M'hamed figurait un seul soupçon retenu contre Issad Rebrab : une possibilité de surfacturation de la machine EvCon, bloquée actuellement par les Douanes au port sec de Boudouaou (Boumerdès). Pour rappel, la justice avait déjà tranché en faveur du groupe Cevital dans le litige qui l'opposait à l'administration douanière et qui portait sur cette prétendue "surfacturation" de la presse pour plaques sandwich de type DL 2300 A5, importée par EvCon pour les besoins de ses installations industrielles à l'Arbaâ (Blida), déchargée au port sec de Boudouaou le 9 juillet 2018. En effet, deux expertises sur trois ont conclu que l'équipement objet du différend est d'une technologie unique au monde et que sa valeur déclarée "est justifiée, non exagérée et acceptable". C'est la deuxième fois que le président du groupe Cevital a été entendu par les éléments de la brigade spécialisée de la Gendarmerie nationale. Mercredi dernier, Issad Rebrab a annoncé dans un tweet qu'il s'était rendu à la brigade de gendarmerie de Bab Jdid, où il a été entendu "sur les activités du groupe Cevital et les blocages dont il fait l'objet". "Notre groupe est, à l'instar du peuple, une victime du système et de sa mafia économique", écrit Issad Rebrab. Son groupe avait déclaré, début mars, soutenir le mouvement de contestation contre le 5e mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Les derniers gouvernements ont tous excellé dans les blocages faits aux investissements de Cevital, dont l'usine de trituration des graines oléagineuses et l'implantation d'un des projets d'EvCon en Algérie, dédié à la fabrication des équipements de production d'eau ultra-pure. à l'heure où nous mettons sous presse, tard dans la soirée, Issad Rebrab était toujours dans le bureau du procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed. Nous y reviendrons. Ali Titouche