Ce vendredi encore, des milliers d'Oranais sont descendus dans la rue pour exprimer leur rejet des propositions du pouvoir dont ils continuent d'exiger le départ. Le chef d'état-major a été le principal symbole du pouvoir à être vilipendé par les vagues humaines qui ont déferlé sur les artères d'Oran. Entre "Fakou, fakou Gaïd Salah", "Le peuple ne veut ni Gaïd ni Saïd (Bouteflika)" et "La décision revient au peuple, pas à la Constitution ni à l'armée", les manifestants ont réagi à l'attachement du vice-ministre de la Défense à l'organisation de la présidentielle de juillet prochain. "Cet homme est un militaire, il n'a pas sa place dans le champ politique", s'est insurgé un manifestant en appelant Gaïd Salah à se conformer à la volonté du peuple de décider, seul, de son avenir. "Et son avenir passe par le départ de l'ensemble du système en place", a-t-il conclu. Le président de l'Etat par intérim a eu droit à son lot de slogans hostiles scandés par des manifestants qui disent ne lui reconnaître aucun pouvoir, aucune légitimité. "Il doit également dégager. C'est un homme du système dont la seule mission est de protéger les intérêts du pouvoir en place", ont encore estimé les Oranais en rejetant le scrutin que le duo Bensalah-Bedoui continue de préparer. "Ya el-îssabat, makanch intikhabate", a-t-on encore entendu lors de la marche. Les manifestants s'en sont également pris nommément à Saïd Bouteflika, à Ahmed Ouyahia, aux frères Kouninef…, "Voleurs et prédateurs" qui doivent rendre des comptes devant la justice. L'élection de Mohamed Djemaï, nouveau secrétaire général du FLN — formation politique invectivée chaque vendredi —, a également été commentée par les manifestants qui y voient une tentative de sauver un "symbole de la corruption". "Le FLN doit dégager avec le reste des voleurs qui ont pillé l'Algérie et poussé les jeunes au suicide dans la Méditerranée", a jugé un manifestant qui a dit faire la distinction entre le "FLN des chouhada" et celui des faux moudjahidine, falsificateurs de la mémoire révolutionnaire. S'ils rejettent catégoriquement les "propositions piégées" du duo Gaïd-Bensalah, les manifestants oranais n'en estiment pas moins que la situation doit évoluer. "Il faut qu'ils se résignent à se plier à la volonté du peuple. Nous voulons une période de transition, mais qui soit menée par des personnalités civiles que nous choisirons. Les compétences ne manquent pas, nous avons l'embarras du choix. Mais avant tout, le pouvoir doit laisser la place", a indiqué un des animateurs de la manifestation en appelant à une Constituante. "Nous en sommes au 11e vendredi, des solutions doivent maintenant être trouvées", a-t-il conclu. Pour autant, les Oranais ne comptent pas baisser les bras : "Manach habsine, koul djemaâ khardjine", ont-ils scandé tout au long de la marche, promettant un "Ramadhan du hirak" même si les modalités de fonctionnement n'ont pas encore été arrêtées. "Les marches et manifestations vont continuer et nous allons également organiser des conférences et des débats pour sensibiliser sur la nécessité de soutenir le mouvement jusqu'à la satisfaction des revendications", a assuré un organisateur. S. Ould Ali