Aucun signe d'affaiblissement du mouvement n'est perceptible à moins de 24 heures du début du mois sacré. Bien au contraire, les citoyens promettent de durcir leurs actions durant cette période propice, notamment, aux sorties nocturnes. Le pouvoir qui joue la montre et continue de miser sur le mois de Ramadhan pour voir le mouvement populaire s'essouffler devra, certainement, révoir ses calculs. Et pour cause, aucun signe d'affaiblissement du mouvement n'est perceptible à moins de 24 heures du début du mois sacré. Bien au contraire, les citoyens promettent de durcir leurs actions durant cette période propice, notamment, pour les sorties nocturnes. C'est même une aubaine que les Algériens comptent saisir pour intensifier les manifestations de rue. Et pourquoi pas marcher, désormais, chaque soir au lieu de chaque vendredi comme c'est le cas depuis le début, le 16 février dernier à Kherrata, de la révolution pacifique. C'est du moins l'appel lancé par les manifestants lors du 11e et dernier vendredi. "Fi Ramdane, mour ettarawih, koul youm massira" (Durant le Ramadhan, après la prière du soir, chaque jour c'est la marche) ou encore "Maranach habsin, fi ramdan khardjine" (On ne va pas s'arrêter, on va encore sortir durant le mois de Ramadhan) ont, en effet, scandé, avant-hier à l'occasion de la grande marche à Alger et dans plusieurs autres villes du pays, les centaines de milliers de citoyens qui ne jurent que par le départ de tous les symboles du système en place. Cette tendance à manifester durant les soirées ramadanesques est largement partagée par les internautes. "Le mois de Ramadhan ne nous empêchera pas de marcher, que ce soit dans la journée ou dans la soirée. Notre mouvement ne sera pas suspendu durant le mois sacré", s'engage, à ce titre, un facebookeur très réactif à l'actualité relative à la révolution populaire. Mieux, un autre internaute estime, pour sa part, que le mois sacré est une occasion pour intensifier la mobilisation. Il appelle à des marches quotidiennes en nocturne. Le caractère pacifique de la révolution, jusque-là exemplaire, devra encourager y compris la gent féminine à participer aux manifestations nocturnes. De leur côté, les syndicats autonomes et les étudiants, pour ne citer qu'eux, s'engagent également à maintenir la mobilisation durant le mois de Ramadhan. Les soirées ramadanesques se présentent, par ailleurs, aussi propices pour la multiplication des espaces de débats et autres agoras entre citoyens à même les placettes publiques et les cafés maures, très fréquentés durant cette période. Ce qui permettra, à coup sûr, une meilleure organisation du mouvement populaire et, éventuellement, l'élaboration d'une feuille de route consensuelle de sortie de crise. Les personnes étant relativement plus libres durant les journées du mois de Ramadhan et davantage durant les week-ends, la participation aux manifestations lors des prochains vendredis — qui sont toujours maintenues — ne pourrait, logiquement, qu'être encore plus massive. En tout cas, les Algériens qui refusent que leur soit volée leur révolution ont su déjouer jusque-là toutes les manœuvres tentées par le pouvoir incarné par l'armée depuis la démission, il y a un mois, du président Bouteflika. Et ce n'est, donc, certainement, pas le mois de Ramadhan qui entamera leur détermination à aller au bout de leur combat.