La veille du Ramadhan n'a pas empêché les Algériens du Canada de se mobiliser, nombreux comme chaque dimanche, pour manifester en faveur d'un changement radical et pour le départ du système. Pour ce 11e dimanche, la manifestation a dû déménager à l'ouest du centre-ville de Montréal pour se tenir à la place du Canada, désormais nouvel épicentre de la protesta algérienne. Auparavant, les rassemblements de contestation étaient organisés devant le consulat général d'Algérie à Montréal. Ce n'est pas la seule nouveauté. Les neuf ateliers qui réfléchissent dans des sortes de brainstormings populaires redoublent d'ingéniosité. Outre la pétition lancée, comme le précise Sabah, à l'adresse du gouvernement canadien pour bloquer "les transferts illicites des richesses du peuple algérien vers le Canada", un autre atelier a simulé, lors du rassemblement, un référendum sur l'échéance présidentielle projetée par le pouvoir au 4 juillet. "Êtes-vous d'accord pour le vote du 4 juillet ?", telle est la question à laquelle le public est invité à répondre. Une file s'est constituée devant un bureau tenu par les organisateurs. Des centaines de personnes se sont exprimées. Et comme il fallait s'y attendre, le "Non" l'a emporté avec une écrasante majorité. Autant dire presque la totalité des suffrages exprimés. Du reste, ce "Non" prévisible a été réitéré par les manifestations dominicales à l'étranger et les marches du vendredi à travers le territoire national. Les manifestants étaient également invités à départager, en les priorisant, cinq idées capables d'aider la révolution populaire à se projeter vers l'avenir. Les idées soumises au vote sont : "Elire des représentants du ‘hirak' en Algérie", "Créer des Assemblées constituantes locales", "Démission de Bensalah et du gouvernement", "Retrait de Gaïd Salah de l'ANP et du champ politique" et "Mise en place d'un gouvernement provisoire avec des personnalités compétentes et consensuelles". Parallèlement à cette opération, la manifestation était particulièrement animée, alors que des débats étaient amorcés par des groupes de manifestants. Les slogans habituels contre le pouvoir sont scandés par les manifestants, venus pour la plupart en famille. Des pancartes brandies résument la quintessence des revendications du peuple algérien. "Non au recyclage des mercenaires politiques", "Système dégage", "L'armée dans les casernes", "Le peuple veut sauver l'Algérie, Gaïd Salah veut sauver le système", pouvait-on lire entre autres.