Les Algériens du Canada ont joint leur voix à celle de leurs compatriotes en Algérie pour exprimer leur colère contre la reconduction du Président sortant pour un 5e mandat. Rebelote : les Algériens établis au Canada sont venus plus nombreux, dimanche, au rassemblement populaire pour contester le 5e mandat de Bouteflika et exiger le changement du système. Ils étaient un peu plus de 2 500 personnes, 3 000 selon les organisateurs, à manifester pacifiquement devant le consulat général d'Algérie à Montréal. Vers 10 heures, la police de Montréal a bloqué les axes menant au lieu de la manifestation. Les automobilistes sont ainsi déviés sur les rues adjacentes. Les manifestants, plus nombreux donc que lors de l'acte 1 de cette action citoyenne entamée le 24 février, ont brandi des banderoles et des pancartes porteuses de slogans dont la substance se résume en un rejet massif du 5e mandat de Boutef et du système. "Le peuple veut la chute du régime", "Algérie libre et démocratique", "20 ans barakat", "Non au 5e mandat", "Système, dégage", "Pour une 2e République", pouvait-on lire sur les pancartes brandies au milieu de la foule qui criait à pleine gorge : "Pouvoir assassin" et "Y en a marre de ce pouvoir". Le Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a voulu comparer l'incomparable en jouant sur la peur pour ne pas dire le chantage à la sécurité, en a pris pour son grade. "L'Algérie n'est pas la Syrie", soutenaient les manifestants en chœur. Drapeau national à la main, des jeunes filles et des femmes d'un certain âge poussaient des youyous stridents, alors que les manifestants entonnaient l'hymne national. La chanson contre le pouvoir composée par un groupe d'artistes et qui circule sur le Web a donné la chair de poule à plus d'un. "Libérer l'Algérie", chantait-on. La manif attirait encore du monde dans une ambiance bon enfant. Des chants patriotiques fusaient de la foule et donnaient un caractère solennel à la manifestation. Les jeunes étaient très nombreux. C'est avec un pincement au cœur qu'ils regardent le pays de leurs parents se faire humilier par le coup de force du 5e mandat. "FLN, your game is over (FLN, ton jeu est terminé)", scandaient ces jeunes qui ont montré une grande capacité à comprendre les enjeux liés à cette échéance électorale dénoncée par le peuple. "Je n'arrive pas à comprendre cette façon de s'accrocher au pouvoir de Bouteflika, alors que son bilan de 4 mandatures le disqualifie objectivement à rempiler pour ce mandat de trop", affirme Anis, un jeune étudiant à l'UQAM. Son ami, drapé dans l'emblème amazigh, abonde dans le même sens. "Le peuple est désormais dans la rue, il a montré sa maturité par des actions pacifiques et civilisées", dit-il. Pendant les 2 heures et plus qu'a duré la manifestation, Montréal a vécu au rythme de la protesta algérienne contre le 5e mandat et le système et pour la dignité et les libertés démocratiques. Yahia Arkat