Si toutes les opérations de sensibilisation de la population sur le tri sélectif des déchets ménagers n'ont pas donné les résultats escomptés dans la wilaya d'Oran, le travail même des Centres d'enfouissement technique (CET) est remis en question par les professionnels de la valorisation des déchets. Rencontré lors du séminaire de synthèse et de clôture du "Parcours d'accompagnement pour 20 entreprises vertes résilientes" qui s'était tenu, dans la dernière semaine d'avril, à Oran, Karim Chenika, le directeur de Recupack, entreprise spécialisée dans la collecte, le tri et la valorisation des déchets (papier, carton, plastique), basée dans la zone industrielle d'Es Sénia, est formel à ce propos. Cette société travaille avec les collecteurs privés, des jeunes financés par l'Ansej et la Cnac, les centres commerciaux et les entreprises transformatrices de papier ainsi que les CET. Pour preuves, il avance des chiffres comparatifs entre son bilan compris entre 2008 et 2011 où son entreprise collectait jusqu'à 30 t/j de déchets ménagers et la période entre début 2012 à nos jours où elle peine à récolter 7 à 8 t/j. La raison est à trouver dans le mode de fonctionnement de ces CET, explique notre interlocuteur, qui indique que le travail ne se fait pas à leur niveau puisque ces CET enfouissent tous les déchets et ne trient que le strict minimum. "Si Oran produit quelque 1500 t/j de déchets ménagers, les CET, eux, ne trient que 2 t/j au maximum", précise-t-il. L'autre raison est la disparition des chiffonniers, les fameux chramtias, qui étaient, du temps des décharges publiques sauvages, à la base de tout tri des déchets. À leur époque, ajoute Karim Chenika, son entreprise collectait 10 millions t/an cumulés dans les sept wilayas avec lesquelles elle est conventionnée. De 2015 à 2017, la collecte est divisée par deux. "Ils étaient 600 à 700 chiffonniers qui exerçaient ce métier, aujourd'hui, ils ont changé d'activité depuis qu'on leur a interdit l'accès à ces décharges avec la création des CET", souligne-t-il. Cette baisse dans la collecte a influé négativement sur l'entreprise, qui exporte les déchets papier et carton vers l'Asie, passant de 75 à 22 salariés. Notre interlocuteur tient également à dénoncer la concurrence déloyale de ces CET ainsi que l'inflation du prix du kilogramme du carton ou du plastique vendu aux enchères au niveau de ces mêmes centres. Selon l'Agence nationale des déchets (AND), ce sont 13 millions de tonnes par an de déchets qui sont collectés dont trois millions de tonnes de déchets secs.