À deux semaines des élections législatives, le Likoud continue à perdre du terrain dans les sondages, mais le Parti travailliste n'en profite pas. Des 45 sièges à la Knesset, dont il était crédité par les sondages il y a deux mois, le parti d'Ariel Sharon est tombé à 28. Cette chute vertigineuse a été accentuée par le scandale de corruption dans lequel sont impliqués le chef du gouvernement israélien et ses deux enfants, Omri et Gillad. Sérieusement perturbé par cette affaire, Sharon a tenté de se justifier, jeudi dernier, au cours d'une conférence de presse. À son grand dam, la retransmission de cette conférence de presse a été interrompue par un juge de la cour suprême. Il a estimé que celle-ci avait glissé sur le terrain d'une “propagande politique” grossière et contrevenait ainsi à la loi électorale. Cette décision a été confirmée samedi dernier par le président de la commission électorale, qui a rejeté la plainte du Likoud, qui reprochait au juge de la cour suprême d'avoir privé Sharon du droit de se défendre contre les accusations de corruption. Lors de la réunion du praesidium de la commission électorale, le magistrat a réitéré sa décision en affirmant : “Si c'était à refaire, je prendrais la même décision, car il est évident que le premier ministre faisait de la propagande électorale pure et simple.” Avant d'ajouter : “je représente le droit et je n'ai pas à me plier aux volontés du prince.” Le Likoud enregistre là, sa seconde déconvenue vis-à-vis de la justice, qui a autorisé les deux députés arabes sortants Bichari et Tibi à se représenter après une première interdiction par la commission électorale. L'électorat arabe, qui avoisine les 17% de l'électorat israélien, dont le vote est traditionnellement contre le Likoud, peut avoir une incidence sur le résultat final en prenant part au scrutin, qu'il devait boycotter si l'interdiction contre les deux élus arabes n'avait pas été levée. Cela dit, le Parti des travaillistes n'est pas bénéficiaire de perte de terrain qu'accuse le Likoud. En effet, les sondages n'accordent aucune avancée à la formation politique de Amram Mitzna. Ce sont les petits partis qui profitent de cette situation en grignotant des sièges par-ci par-là. À deux semaines des élections, prévues le 28 janvier courant, la configuration de la prochaine Knesset est loin d'être dessinée et la constitution du gouvernement ne sera pas une tâche aisée pour le parti vainqueur du scrutin. L'étroitesse des écarts dans les résultats réduit considérablement la marge de manœuvre du futur premier ministre. Le conflit israélo-palestinien ne semble pas influer énormément sur l'issue de ces élections législatives, au point où les positions radicalement opposées du Likoud et des travaillistes ne divisent pas réellement l'opinion publique israélienne. Le pourcentage des partisans de la paix avec les Palestiniens et leurs rivaux, qui veulent le “grand Israël”, n'arrive pas pour l'instant à faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. En attendant, Ariel Sharon poursuit sa politique du “tout sécuritaire” en bloquant par tous les moyens le processus de paix, alors que Amram Mitzna promet de faire la paix avec les Palestiniens. Le 28 janvier prochain, les Israéliens choisiront leur camp : ou décider de rester dans la situation d'insécurité causée par les attentats-suicides en réponse à la répression de Sharon ou bien donner une chance à la paix en optant pour le changement. K. A. 600 Palestiniens bloqués à la frontière égyptienne Quelque 600 Palestiniens sont bloqués à la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza par Israël, qui a en outre décidé d'interdire aux personnes âgées de moins de 35 ans de franchir la frontière, ont indiqué les garde-frontières égyptiens dimanche. Selon les garde-frontière, les quelque 600 Palestiniens qu'Israël refuse d'autoriser à pénétrer dans la bande de Gaza ont passé la nuit à la belle étoile du côté égyptien de la frontière, à Rafah. Les autorités israéliennes ont en outre informé les garde-frontières égyptiens que les Palestiniens âgés de moins de 35 ans n'avaient pas l'autorisation depuis dimanche de traverser la frontière dans les deux sens. Les garde-frontières égyptiens ont indiqué qu'ils s'attendaient à ce que le nombre de voyageurs bloqués à la frontière augmente à la suite de cette décision. La ville de Rafah est située sur la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte. La frontière est gardée par les forces égyptiennes et l'armée israélienne, en vertu des accords d'Oslo de 1993.