Bloqué dans son action gouvernementale par la situation conflictuelle au sein du Likoud et le retrait des Travaillistes de son cabinet, Ariel Sharon met fin à la dualité des deux partis phares en créant une autre formation politique dénommée “Responsabilité nationale”. Moshé Katzav, le chef de l'Etat hébreu, a reçu, hier, la démission d'Ariel Sharon. “Le Premier ministre m'a demandé de dissoudre la Knesset car, dans sa forme actuelle, elle ne permet pas le fonctionnement correct du gouvernement”, a annoncé le président israélien lors d'une conférence de presse. Il ajoutera : “Je vais procéder à d'autres consultations aujourd'hui. Je pense qu'il faut procéder à des élections anticipées le plus vite possible s'il m'apparaît qu'aucun autre candidat ne peut former un gouvernement dans les trois semaines.” En dépit de cette phrase de conjoncture, il ne fait aucun doute que des élections législatives anticipées auront lieu en février ou en mars 2006 en raison de la crise interne du Likoud et de la décision des Travaillistes de quitter le gouvernement. Ariel Sharon ne s'est pas limité à la démission du gouvernement. Il quitte également le Likoud, pour créer une nouvelle formation politique dans l'espoir de mettre fin à la dualité existant entre les Travaillistes et le Likoud depuis la création d'Israël en 1948. Hier après-midi, le nouveau parti de Sharon a tenu sa première réunion en présence de dix députés du Likoud, qui se sont ralliés à Sharon. Selon les sources parlementaires, le nouveau parti adoptera des principes appuyant “la feuille de route”, le dernier plan de paix international que M. Sharon a accepté avec des réserves tout en liant son application à la “fin totale” des attaques palestiniennes. Les analystes s'accordent à dire que cette action est motivée par le changement intervenu il y a dix jours à la tête du Parti travailliste, où Shimon Pérès a été défait par Amir Peretz. Ce dernier a fait adopter dimanche par le comité central une motion officialisant le retrait travailliste de la coalition que son prédécesseur avait négociée avec Sharon pour rendre possible l'évacuation de Gaza. Pour rappel, ce dernier s'est déclaré pour un retrait des territoires palestiniens occupés, pour un règlement de paix qui “préserverait les intérêts des deux peuples” et pour la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël. “Nous devons nous sortir des sables mouvants que sont les territoires palestiniens”, a insisté le nouveau patron du Parti travailliste. En tout état de cause, des sondages récents font apparaître que ce très probable parti centriste dirigé par Sharon serait au coude à coude avec le Parti travailliste. Le Likoud serait rétrogradé, lui, au rang de troisième force politique d'Israël. K. ABDELKAMEL