«Ce dernier acte fait peser de lourdes présomptions sur l'orientation que prend le cours des événements.» L'arrestation de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, (PT), a fait exploser les réseaux sociaux,hier soir. Les images de Louisa Hanoune, entrant au tribunal militaire de Blida, ont fait le tour des télévisions, et de la Toile en un rien de temps. Sa convocation à comparaître en tant que témoin dans le cadre de l'enquête, de Saïd Bouteflika, Tartag, et Toufik pour «atteinte à l'autorité de l'armée» et «complot contre l'autorité de l'Etat», est immédiatement suivie par son incarcération à la prison civile de Blida. Depuis, les réactions n'ont pas cessé de tomber. Unanime, la classe politique s'indigne. Le RCD: Mohcine Belabès crie à la tyrannie Fidèle à ses positions de départ, le président du RCD, crie à la fausse période de transition «Les caractéristiques du coup d'Etat militaire apparaissent jour après jour par le contrôle militaire de la décision politique et l'exercice de la justice par des ordres. J'ai écrit dès le début qu'au lieu de la période de transition, ils nous ont imposé une période trompeuse, avec une justice spectaculaire, sélective, de représailles. Le pays est géré comme les casernes où il n'y a pas de place pour la discussion, la critique. Imposer le système des casernes dans la vie sociale mène à la tyrannie». RAJ parle d'un forcing pour le maintien de l'élection du 4 juillet Pour sa part, Abdelouahab Fersaoui, président de l'association RAJ, estime que «La décision du tribunal militaire de Blida de placer Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), en détention provisoire de cette manière et dans le contexte actuel, est un acte de défiance et révélateur de la volonté du pouvoir réel, incarné par le chef d'état-major de faire passer de force son agenda, consistant à maintenir le système en organisant l'élection du 4 juillet malgré son rejet par le peuple algérien». Jil Jadid prévient contre le risque de détournement du Hirak «La mise en détention préventive de Mme Louisa Hanoune, première responsable d'un parti politique, pose clairement la question des libertés politiques et interroge sur les véritables intentions du nouveau pouvoir. Faisant suite à une série d'arrestations d'anciens responsables du pays et d'hommes d'affaires, ce dernier acte fait peser de lourdes présomptions sur l'orientation que prend le cours des événements. L'implication de la justice militaire suppose des actes gravissimes des prévenus, tous civils ou retraités de l'armée. Alors que le mouvement populaire appelle à la mise en place d'un Etat de droit, ces affaires judiciaires doivent être impérativement clarifiées auprès de l'opinion publique. Le régime de Bouteflika doit être remplacé par un processus démocratique et en aucun cas par un système autoritaire. Les Algériens refuseront tout détournement de leur révolution.» La Laadh évoque une transition clanique «Aujourd'hui encore, un autre pas est franchi; une femme politique, chef d'un parti, est arrêtée après sa comparution en tant que témoin par-devant le tribunal militaire, ouvrant par-là, la voie à tous les scénarios et toutes les dérives possibles. La situation prend dangereusement une autre tournure, le coup de force s'installe en faveur d'une transition clanique, où de plus en plus, l'Armée nationale populaire apparaît être au centre de la manoeuvre». Le FFS appelle à la libération immédiate de Louisa Hanoune Dans sa réaction à l'arrestation de Louisa Hanoune, le premier secrétaire du FFS Hakim Belahcel souligne que cet acte, intervient dans un contexte de révolte populaire, qui dure depuis trois mois, pour la revendication d'un Etat de droit, comme base pour l'émergence d'une justice indépendante, et d'un Etat démocratique, loin des règlements de comptes «obscurs» où la liberté d'expression, et l'exercice, politique sont bafoués «Rien ne peut justifier cet acte arbitraire et abusif. Le FFS condamne avec force ce nouveau forcing du pouvoir réel algérien qui vise à faire aboutir son agenda politique, en laminant toute voix discordante et en torpillant la révolution populaire. Le FFS solidaire avec le Parti des travailleurs exige la libération immédiate de sa secrétaire générale». Le MSP joue la réserve De son côté, le président du MSP, Abbderrazak Makri, préfère, à travers sa déclaration, à El Bilad, ne pas se prononcer, avant de connaître les dessous de l'affaire«Dans le cas de la violation de la loi, aucune personne n'est au-dessus de la loi. Mais, on n'a pas connaissance du sujet, donc on ne peut faire de déclarations, ni prendre position sur la question. On ne connaît pas avec exactitude la situation et les chefs d'inculpation.» PLJ «Une atteinte à l'action politique» Le bureau national du Parti de la liberté et de la justice a affiché, hier, sa surprise quant à la décision du tribunal militaire de Blida de mettre en détention préventive, jeudi dernier, Mme Louisa Hanoune, la secrétaire générale du PT. «Cette décision qui intervient à la veille du 12ème vendredi des marches populaires nationales, porte atteinte à la liberté de l'action politique d'une personnalité qui dirige un parti politique agréé depuis 1990», a estimé la formation de Mohamed Saïd, affirmant que Mme Hanoune «est connue pour le courage de ses critiques, son franc-parler, et pour la constance de ses positions». «L'opinion publique est en droit d'être éclairée» et «il est du droit de la prévenue d'exercer intégralement son droit constitutionnel à un procès équitable et juste, lui assurant les garanties nécessaires à sa défense», a enfin estimé le PLJ.