"Nous dénonçons l'instrumentalisation de la justice pour des règlements de comptes, nous disons non, car jusque-là, ils n'ont touché à aucun vrai dossier de corruption", a affirmé Me Salah Brahimi. Les robes noires ont, de nouveau, investi la rue, hier, à Tizi Ouzou, pour crier, haut et fort, leur rejet de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain et exiger la libération de la justice et le départ du système au complet. Malgré le jeûne et la chaleur, ils étaient, en effet, des centaines d'avocats à revêtir leurs robes pour participer à la marche organisée dans la matinée à l'appel du bâtonnat. La marche a démarré du siège de la cour situé à la sortie ouest de la ville, pour se diriger vers le centre-ville. "Système dégage", "Gaïd Salah dégage", "Bensalah dégage", "Bedoui dégage". "Libérez la justice", "Djoumhouria matchi caserna", "Ulac l'vot ulac", scandaient également les avocats tout le long de l'itinéraire de leur marche qui a eu pour point de chute le tribunal du centre-ville de Tizi Ouzou. Sur de larges banderoles déployées dans les différents carrés de la marche, on pouvait lire : "Souveraineté populaire = départ total du système", "Pour l'ouverture sérieuse des dossiers de corruption", "Non à l'élection du 4 juillet. Oui à une période de transition dirigée par le peuple". Sur les différentes pancartes brandies à la même occasion, on pouvait également lire : "Libérez les détenus d'opinion, libérez la justice", "Arrêtez la mascarade judiciaire. D'abord, libérez la justice", "Nous réclamons la liberté de la presse et la décolonisation des médias lourds", "Nous réclamons la dissolution du FLN et de la Centrale syndicale" ou encore "Qui aime l'Algérie la protège". Dans une déclaration faite à la presse, le bâtonnier, Salah Brahimi, a soutenu que "les avocats vont rester aux côtés de tous ceux qui luttent pour un Etat de droit et de démocratie. Nous allons poursuivre la lutte jusqu'à ce que la loi se mette au-dessus de tous, et de Gaïd Salah avant tout". "Nous ne cesserons jamais de revendiquer la séparation des pouvoirs et la consécration de l'indépendance de la justice pour que cesse le fonctionnement par téléphone de la justice. Nous encourageons également les quelques magistrats qui ont le courage et la bravoure de soutenir le mouvement populaire et nous dénonçons l'instrumentalisation de la justice pour des règlements de comptes, nous disons non, non et non, car jusque-là, ils n'ont touché à aucun vrai dossier de corruption", a encore ajouté Me Salah Brahimi, qui qualifie ce qui s'est passé en Algérie, depuis 1962, de "hold-up contre la démocratie et la volonté populaire". Samir LESLOUS