Les experts avaient averti, il y a plusieurs mois, sur une dégradation de la situation sécuritaire dans la région du Sahel, après la défaite de l'autoproclamé Etat islamique (Daech) en Irak et en Syrie. La situation sécuritaire dans les pays du Sahel a été au cœur d'une réunion au Conseil de sécurité de l'ONU, lors de laquelle le Burkina Faso a appelé à la constitution d'une force internationale contre le terrorisme, après la multiplication des attaques dans le nord du pays. "La lutte contre le terrorisme et la criminalité au Sahel est une responsabilité collective, et il est temps que la communauté internationale envisage la création d'une coalition internationale", a affirmé jeudi soir au Conseil de sécurité de l'ONU le chef de la diplomatie du Burkina Faso. "Ces fléaux doivent être traités avec la même détermination que celle qui a prévalu en Irak et en Afghanistan", a estimé Alpha Barry, qui s'exprimait au nom des 5 pays membres de la Force G5-Sahel (Burkina, Niger, Tchad, Mauritanie et Mali). "Les Etats membres du G5-Sahel n'y arriveront pas seuls", a insisté le ministre burkinabé, en évoquant une lutte pour leur survie et en rappelant les évènements de ces dernières semaines : prise en otages de Français, assassinats dans des églises, décès mardi de 28 soldats nigériens... Au Sahel, "les groupes terroristes (...) restent toujours forts et (...) partout la menace gagne du terrain", a estimé le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso. Sans répondre à la demande de créer une coalition internationale, le Conseil de sécurité a exprimé dans une déclaration rendue publique jeudi soir sa profonde préoccupation devant la détérioration continue de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région du Sahel. Il affirme sa volonté de contribuer à prévenir toute nouvelle déstabilisation au Burkina Faso, en particulier dans ses zones frontalières, ajoute la déclaration adoptée à l'unanimité de ses 15 membres. Lors de la réunion du Conseil, Alpha Barry a aussi réclamé à la communauté internationale d'afficher une position claire quant à la résolution de la crise libyenne, alors que le pays reste un sanctuaire d'incubation pour des terroristes et criminels de tous ordres. La Secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, Bintou Keita, a aussi considéré que "la Force conjointe G5-Sahel ne pouvait pas affronter seule la charge du combat contre le terrorisme et de stabiliser la région". Elle a demandé au Conseil de sécurité d'élargir le soutien logistique de l'ONU à cette Force antiterroriste lancée formellement depuis deux ans, mais qui souffre toujours d'un manque d'équipement et d'une opérationnalisation incomplète. Les Etats-Unis, qui privilégient une approche bilatérale, refusent toute implication plus forte de l'ONU en soutien de cette unité multinationale de 5000 militaires. "L'assistance bilatérale est le meilleur moyen d'aider cette force", a répété l'ambassadeur américain adjoint, Jonathan Cohen. Il a précisé que l'aide américaine aux pays concernés s'élevait à 111 millions de dollars.