Les manifestants ont dédié ce 13e vendredi particulièrement au chef d'état-major de l'armée, appelé par les manifestants à "dégager", et au rejet de l'élection présidentielle annoncée pour le 4 juillet. Le deuxième vendredi du Ramadan et 13e depuis le début des manifestations antisystème, le 22 février, a été un grand succès pour le peuple, hier, à Alger. C'est une nouvelle démonstration de force des citoyens déterminés à mener leur révolution pacifique jusqu'au bout. Ni la contrainte du Ramadan ni la répression tentée avec zèle par les forces de l'ordre n'ont pu décourager les Algérois à investir en masse les rues d'Alger. Ce sont, en effet, des centaines de milliers de citotens qui sont sortis pour défier "la bande au pouvoir". Ce "13e vendredi" a été particulièrement dédié au chef d'état-major, Gaïd Salah, appelé par les manifestants à "dégager" au même titre que le reste des symboles du pouvoir. "Gaïd dégage", "Le peuple veut l'application de l'article 07 de la Constitution", allusion à l'article de la loi fondamentale consacrant la souveraineté du peuple, ou encore "Gaïd, vous avez trahi la confiance du peuple" sont autant de slogans hostiles au chef d'état-major scandés, une fois de plus, par les manifestants qui ne jurent que par la rupture avec l'actuel système. "Votre départ seul nous convaincra de rentrer chez-nous", "Nous allons continuer à sortir chaque vendredi, tant que vous refusez de partir", ou encore "Avec vous, nous avons tout perdu depuis 1962. Désormais, nous n'avons plus rien à perdre". Les citoyens s'affichent, en effet, plus que jamais conscients de la nécessité de ne pas s'arrêter en si bon chemin. À moins de 24 heures du délai de dépôt des candidatures à la présidentielle contestée du 4 juillet, les Algériens ont surtout réitéré leur rejet de cette élection unilatéralement décidée par le pouvoir. "La lil intikhabat, ya al îssabat" (il n'y aura pas d'élection, sous le contrôle des bandes) est, en effet, l'un des slogans le plus souvent scandé par les manifestants qui n'ont pas épargné, comme toujours, Bensalah et Bedoui. À Alger, la manifestation d'hier a toutefois été marquée par une série d'échauffourées à cause de l'attitude de la police qui a tout tenté pour empêcher la marche. Mais c'était compter sans la détermination des manifestants visiblement préparés à ce genre de situations désolantes. Si les services de sécurité avaient pour habitude, depuis quelques vendredis déjà, de fermer les axes routiers menant vers Alger, cette fois-ci, ils ont, en plus, fait montre d'un zèle poussé pour tenter de mater la foule à Alger même. Des brigades anti-émeutes renforcées ont été déployées particulièrement au niveau de la Grande-Poste devenue le lieu de prédilection pour les rassemblements depuis le 22 février. Les policiers ont usé de gaz lacrymogènes et de la matraque pour repousser les manifestants. La scène a duré jusque vers 15h, lorsque les manifestants, plus nombreux et plus déterminés, ont réussi à franchir le cordon de police et se sont réapproprié le parvis de cette édifice mythique. Une réappropriation symbolique pour les manifestants déjà dépossédés, pour des raisons de sécurité, dit-on, de l'espace du Tunnel des facultés. Comme d'habitude, les hélicoptères de la gendarmerie et de la police ainsi que des drones ont survolé Alger toute le la journée d'hier. La manifestation a, encore une fois, tenu ses promesses, aussi bien sur le plan de la mobilisation que sur celui de l'organisation. Farid Abdeladim