Les initiateurs du rassemblement d'Alger prévoient d'organiser un sit-in après-demain, devant le tribunal militaire de Blida, qui examinera le recours de la détenue, pour exiger, encore une fois, sa libération sans condition. Les membres de la direction du Parti des travailleurs (PT) et des militants politiques et associatifs ont organisé, hier, un sit-in, à l'esplanade de la Grande-Poste d'Alger, pour exiger la libération "immédiate et inconditionnelle" de Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti, incarcérée depuis le 9 mai à la prison de Blida. Empêchés par la police d'accéder aux escaliers de l'édifice, déjà interdit aux manifestants du vendredi, les participants à cet élan de solidarité avec la pasionaria algérienne se sont contentés de se rassembler sur la placette mitoyenne. L'objectif était, bien entendu, de faire parvenir le message à qui de droit pour la libération de "la détenue politique". Ses bras droits, Ramdane Youssef Tazibt et Djeloul Djoudi, estiment que Louisa Hanoune n'a pas fait plus "qu'exercer ses droits" en tant que chef de parti politique dont le rôle est de rencontrer l'ensemble des personnalités politiques. L'allusion est faite à sa participation à la rencontre secrète du 27 mars dernier avec le frère du président déchu, Saïd Bouteflika, et l'ancien patron des services de renseignements, le DRS, le général Mohamed Mediène, dit Toufik. La cheffe du PT est accusée au même titre que ces deux personnages et l'ex-chef des services, le général Bachir Tartag, notamment de "comploter" contre l'armée et contre l'autorité de l'Etat. Ce qui révolte M. Tazibt qui se demande si l'on doit dans ce cas arrêter les millions d'Algériens qui réclament, depuis le 22 février, le changement du système. "Louisa Hanoune est accusée de vouloir changer le système. Dans ce cas il faut arrêter l'ensemble des Algériens qui militent pour la même cause. Aujourd'hui, c'est clair, notre secrétaire générale est victime de ses positions politiques. Elle est donc une détenue politique du régime auquel nous continuerons à nous opposer", martèlera le député du PT. Même son de cloche chez Djeloul Djoudi, qui, lui aussi, insiste sur la nécessité de maintenir la mobilisation jusqu'à la libération de la détenue. Le rassemblement d'hier, à l'appel du collectif national pour la libération immédiate et inconditionnelle de Louisa Hanoune, intervient à 48 heures de l'examen du dossier de la prévenue, prévu pour demain, par le tribunal militaire de Blida à la suite de son appel introduit le jour même de son arrestation. La direction du PT prévoit, à cette occasion, l'organisation d'un autre sit-in devant le tribunal de Blida. Les chefs d'inculpation retenus contre Louisa Hanoune sont relatifs au "complot ayant pour but de porter atteinte à l'autorité du commandant d'une formation militaire", délit prévu par l'article 284 du code de justice militaire, et "complot pour changer le régime", acte prévu et puni par l'article 77 du code pénal.