"L'ère des défilés folkloriques et des discours lénifiants accompagnant les célébrations de la Journée nationale de l'étudiant est révolue", semblaient dire les étudiants des universités de Constantine qui ont occupé une nouvelle fois, hier, la rue. Dans un contexte inédit, marqué par une mobilisation sans faille de la communauté universitaire, depuis le 22 février dernier, la Journée du 19 mai a été célébrée par une congrégation d'étudiants engagés, mobilisés et prêts à tout pour une Algérie libre, démocratique et de justice. Hier, ils se sont réapproprié leur fête coïncidant avec le 63e anniversaire de la grève générale du 19 Mai 1956, déclenchée par l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), qui a été le gage de l'engagement des étudiants algériens pour l'indépendance. Et la réappropriation du slogan de leur aïeux : "Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres", a attisé leur détermination d'en découdre avec un système politique qui a confisqué tous les espoirs. En effet, même s'ils étaient moins nombreux hier, la dynamique de la mobilisation est restée intacte. Cette démonstration qui intervient 4 jours seulement après le 12e acte des marches estudiantines depuis le début de la révolution citoyenne, a rassemblé les étudiants des trois universités de Constantine en cette journée de commémoration et de mobilisation. Etudiants et enseignants étaient donc au rendez-vous hier matin pour un rassemblement sur la grande esplanade de l'université des Frères Mentouri au moment où d'autres groupes ralliaient directement le centre-ville. La procession qui a démarré à 11 heures du matin, depuis la place de la Pyramide, a réuni des étudiants de toutes les universités et de tous les instituts. Bravant la rude épreuve du jeûne, ils ont traversé les grandes artères de la ville drapés dans l'emblème national et munis de banderoles, affiches et pancartes appuyant leur détermination à continuer le combat pacifique pour un changement radical du système politique. Durant la marche, ils ont scandé plusieurs slogans prouvant leur résolution à atteindre leur objectif et à maintenir leur position quant au rejet des personnalités politiques et des partis au pouvoir depuis au moins deux décennies, lesquels ont failli à leur mission et symbolisé toutes les déliquescences qui ont conduit le pays à cette situation. Ils ont également crié haut et fort leur rejet de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain autant que son organisation par les mêmes figures ayant instauré la fraude comme mode de scrutin. Ils ont scandé "Dawla madania mechi âasquaria", "Khlitou lebled ya sarakine", "Jazayer houra dimoqratia" ou encore "Makanech intikhabet ya issabet". Les marcheurs ont sillonné le boulevard Abane-Ramdane, la place des Martyrs, en scandant des slogans hostiles au régime et au gouvernement de Bedoui. Une halte devant le tribunal de Constantine sis au boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean) a été observée par les marcheurs qui ont appelé à une justice libre et indépendante en scandant : "Libérez tous les détenus politiques, libérez Louisa Hanoune", avant de revenir à la place de la Pyramide. Ines Boukhalfa