Les manifestations populaires telles qu'elles se déroulent jusqu'ici et certaines revendications formulées par les manifestants ne sont pas du goût du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Et il l'a clairement fait savoir dans un discours prononcé lors de sa visite à la 4e RM d'Ouargla, en assurant qu'"il est préférable que les marches se caractérisent par un niveau raisonnable et suffisant d'organisation et d'encadrement efficace pour faire émerger de vrais représentants qui se distinguent par leur sincérité et leur intégrité pour transmettre les revendications légitimes de ces marches, en leur évitant toute forme d'anarchie et de tomber dans le piège de l'infiltration par des individus ayant des plans suspects". Ainsi, le patron de l'armée s'est rangé à l'idée formulée çà et là sur la nécessité d'encadrer le mouvement populaire. "Il devient impératif de revoir la manière d'organiser ces manifestations et la nécessité de les encadrer par des personnes ayant un esprit nationaliste responsable, qui craignent Allah quand il s'agit de leur peuple, de leur patrie et des institutions de leur Etat, et œuvrent à transmettre les revendications populaires dans le cadre d'un dialogue sérieux et constructif avec les institutions de l'Etat, prenant en considération les revendications réalisées jusqu'à présent, grâce à l'accompagnement permanent de l'Armée nationale populaire, qui s'est engagée à ne pas être partie prenante de ce dialogue escompté", a-t-il insisté. Pour le premier militaire du pays, la "révolution du sourire" se doit d'éviter de "tomber dans le piège de l'infiltration par des individus ayant des plans suspects qui utilisent ces manifestations comme un portail pour scander leurs slogans et brandir leurs bannières, et une passerelle pour transmettre certaines revendications irrationnelles". Comme revendication irrationnelle, Gaïd Salah a cité l'exigence du départ des symboles du système. "Il s'agit d'une revendication non objective et irraisonnable, voire dangereuse et malveillante, qui vise à déposséder les institutions de l'Etat de leurs cadres et les dénigrer", a-t-il tonné, visiblement courroucé par les slogans des manifestants hostiles à sa personne, non sans tresser des lauriers à ces cadres qui, selon lui, "ont eu le mérite de servir leur pays à tous les niveaux, avec intégrité et dévouement". "Nul n'a le droit de se substituer à la justice en proférant des accusations et en réclamant leur départ", a insisté Gaïd Salah. Pour lui, l'objectif de ces "instigateurs" est clair : "Barrer la route à toutes les solutions possibles et plonger le pays dans une impasse politique préméditée afin d'atteindre leur objectif d'entraîner le pays vers le vide constitutionnel." Pour ce faire, ils utilisent les manifestations populaires comme "monture facile" dans le but de "promouvoir des idées qui ne servent pas l'Algérie et qui ne se conforment nullement aux revendications populaires scandées". Autre cible du vice-ministre de la Défense nationale : les élites. "Nous nous interrogeons sur l'absence flagrante des personnalités nationales, des élites et des compétences nationales face aux événements et évolutions accélérés que connaît notre pays et qui requièrent des propositions constructives à même de rapprocher les points de vue divergents", a-t-il asséné, faisant mine d'ignorer les différentes propositions formulées par les acteurs de tous bords. À moins que ce ne soit là sa façon de rejeter l'appel lancé samedi 18 mai par le trio Ali Yahia-Benyelles-Taleb Ibrahimi.