En dépit de leur nombre qui a considérablement baissé, les étudiants maintiennent leur mobilisation. Une fois de plus, étudiants et enseignants des universités et instituts de Constantine ont battu le pavé lors de ce 13e acte des marches estudiantines depuis le début de la mobilisation citoyenne pour réitérer leur position vis-à-vis du système politique et de ses figures. Actualité oblige, ils ont, d'emblée, rejeté les déclarations et discours du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, notamment sa dernière intervention, avant-hier, dans la 4e Région militaire où il a insisté sur la tenue de l'élection présidentielle du 4 juillet, comme seule issue à la crise. De nombreux étudiants et enseignants, venus de tous les campus de Constantine, ont envahi, dès 11h30, la place de la Pyramide, donnant, ainsi, le la à leur marche hebdomadaire. Drapés dans l'emblème national et brandissant des pancartes et des banderoles, les marcheurs ont emprunté l'itinéraire habituel du centre-ville, scandant des slogans réaffirmant leur volonté et leur attachement au changement radical du système politique et à l'édification d'un Etat de droit. Citons à titre d'exemples : "Dawla madania mechi aâsqaria", "Makanech intikhabet ya îssabet", sans oublier "Bedoui, Bensalah, Gaïd Salah, dégagez" et "L'armée est nôtre, Gaïd nous a trahis". La communauté universitaire de Constantine, visiblement déçue par le dernier discours de Gaïd Salah, n'a pas manqué d'afficher sa colère contre le chef d'état-major qui, selon les étudiants, "va à l'encontre de la volonté du peuple". "On s'attendait à mieux que cela, parce que nos revendications sont claires, nous voulons l'édification d'un Etat de droit. Les tenants actuels du pouvoir devront donner la parole au peuple et le laisser faire ses choix. La seule solution qui peut nous sortir de cette crise est le report de cette élection et aller vers une période de transition de courte durée", dira Abdelouahed Bouchareb, professeur à la Faculté d'architecture et d'urbanisme. En ce qui concerne le discours d'Ahmed Gaïd Salah, M. Bouchareb estimera que "c'est un discours nuancé, mais de toutes les façons, nous sommes contre la tenue de cette élection et nous resterons mobilisés jusqu'à la satisfaction de nos revendications". De son côté, Aymen, un jeune étudiant de la Faculté de sciences politiques, expliquera que "l'organisation de la présidentielle dans les délais constitutionnels, comme le prétend le chef d'état-major, serait un suicide. C'est pour cela que nous sommes contre cette élection. En outre, nous sommes certains qu'elle ne sera pas transparente, surtout qu'elle sera organisée par les mêmes personnes. Nous n'avons plus confiance en ces personnages. Aujourd'hui, nous sommes sortis pour dire non, encore une fois, à un chef d'état-major qui ne veut pas entendre la voix du peuple. Le 4 juillet, notre vote se fera dans la rue et dans les 48 willayas, et ce, devant le monde entier. Peut-être qu'ils comprendront". Ines Boukhalfa