Il y avait beaucoup de monde avant-hier en fin d'après-midi, rue de Lisbonne, devant les locaux de l'ambassade d'Algérie à Paris, où s'est tenu un rassemblement contre le régime algérien, à l'appel du collectif Libérons l'Algérie et d'autres organisations de la diaspora. La manifestation autorisée par la préfecture de police de la ville de Paris s'est déroulée dans une ambiance bon enfant, alors qu'au même moment à Alger, les forces de l'ordre continuaient à réprimer les marcheurs. "Nous sommes là pour montrer à nos concitoyens qu'ils ne sont pas seuls. Nous sommes leur voix", a expliqué Hafid, qui a quitté son lieu de travail plus tôt que d'habitude pour se joindre à la manifestation parisienne. C'est la première fois que les Algériens de la région parisienne se rassemblent devant les locaux de l'ambassade. Dans un communiqué, Libérons l'Algérie a dénoncé la répression qui s'abat sur les manifestants pacifiques en Algérie. "Acculé par l'ampleur et la détermination du soulèvement, le régime tente de surmonter son échec et recourt à ses menaces et intimidations envers des militants", s'est élevé le collectif. Il s'est attaqué, par ailleurs, à d'autres méthodes, pus pernicieuses, utilisées par les autorités pour déconstruire le mouvement populaire. "Aux exigences populaires, le pouvoir, fidèle à ses pratiques dictatoriales, oppose le mépris et l'arrogance. Poussé dans ses derniers retranchements, habité par la vaine espérance d'assurer son maintien, il multiplie les diversions, use de l'intox pour tenter de semer la division comme prémices d'un chaos qu'il appelle de ses vœux. Il cherche à asphyxier la contestation", ajoute le communiqué. Sous les fenêtres de l'ambassadeur Abdelkader Mesdoua, les Algériens qui se sont rassemblés, hier à Paris, ont tenu à montrer que leur détermination est toujours intacte. "Trouhou gaâ" (vous allez tous partir), ont-ils scandé. De dizaines d'autres slogans ont fusé. Le vice-ministre de la Défense en a eu pour son grade. Il a été qualifié de traître par la foule. Sur un panneau, on pouvait lire aussi : "Gaïd Salah a besoin d'un ORL. Il n'entend pas le peuple." L'ambassadeur a été également visé par les manifestants qui lui ont demandé de dégager. Il est à rappeler que le collectif Libérons l'Algérie a initié une pétition pour exiger le renouvellement du personnel diplomatique algérien à l'étranger, estimant que celui qui est en poste actuellement ne représente pas l'Etat, mais le régime. "Mesdoua n'a pas eu honte de se présenter sur un plateau de télévision en mars dernier pour dire que Bouteflika est encore apte à gouverner. C'est honteux de la part d'un diplomate", a souligné Djaâfar, enseignant dans un collège parisien. De son côté, Rachid Yaker, du collectif Debout l'Algérie a expliqué pourquoi il était important de se rassembler devant le siège de l'ambassade, un lieu qui symbolise, selon lui, le pouvoir algérien et ses privilèges. "C'est un moment historique. L'Algérie est en train de basculer vers le rêve de ceux qui ont libéré l'Algérie du colonialisme. Nous allons vers une Algérie citoyenne, démocratique et égalitaire. Nous devons continuer, en tant que diaspora, à soutenir le mouvement du 22 février que le monde entier observe avec admiration", a-t-il dit. Parmi ceux qui ont manifesté devant l'ambassade d'Algérie, certains sont venus de loin, comme Baya qui habite en Belgique et qui a tenu à être présente. "Mon cœur vibre pour tous les Algériens qui font face, pacifiquement, à la répression et qui ne baissent pas les bras", a-t-elle confié, émue.