A l'appel du collectif « Libérons l'Algérie », groupement d'organisations associatives et politiques constituées par des membres de la communauté nationale établie à l'étranger, des centaines de manifestants se sont rassemblés, aujourd'hui, à Paris devant l'ambassade algérienne en France. Voulant réaffirmer davantage leur soutien au « Hirak du 22 février » et dénoncer la répression du mouvement qui s'opère à grande échelle depuis plusieurs jours déjà,lesinitiateurs du sit-in ont choisi de se mobiliser dans ce lieu si symbolique au même moment où « nos compatriotes continuent à se battre contre l'arbitraire et la répression d'un pouvoir autoritaire et illégitime, qui confisque le droit du peuple algérien à disposer de lui-même ». Dans la déclaration commune, lue par Tewfik Allal en tant que représentant de ladite coordination citoyenne, devant une foule chauffée à bloc, scandant à tue-tête des slogans hostiles au pouvoir (« Système dégage », « Gaid Salah dégage », « Non à l'Etat militaire », « Pas d'élection », « Vous avez bouffé le pays oh voleurs », etc.), il est d'emblée souligné que « notre pays vit un moment inédit, il est même historique car toutes les catégories de la société algérienne, y compris notre diaspora, se mobilisent dans la rue pour imposer le départ de tout le régime. C'est une insurrection populaire qui englobe l'ensemble du territoire algérien et elle est fondamentalement citoyenne et particulièrement pacifique ». A ce grand sens de responsabilité qui « force le respect des peuples du monde entier », le texte a opposé l'irresponsabilité des représentants du régime encore influents, qui essayeraient désespérément d'« assurer son maintien et d'asphyxier la contestation ». Et ce, notamment en multipliant « diversions et intox pour tenter de semer la division ; et les manigances pour tenter d'impliquer le peuple dans une lutte de clans aussi spectaculaire que futile ». Donnant des exemples concrets signalés un peu partout sur le territoire national (Alger, Tizi Ouzou, Bordj Bou Arreridj, Ghardaia, Skikda, Mila, Mascara, etc.), allant de l'excès de zèle de certains agents des forces de l'ordre jusqu'à des cas avérés d'intimidations contre plusieurs activistes, selon des « méthodes éculées de menace et d'intimidation », les protestataires craignent la généralisation de la « répression, ouverte ou larvée » dans le but de venir à bout de « la détermination du soulèvement ». D'un ton très virulent et sans concession, les résidus d'« el isaba » sont mis en garde : « Dans ces atteintes aux droits humains, au-delà de l'évidente responsabilité politique, ce sont leurs responsabilités personnelles et individuelles qui sont engagées. Il arrivera le moment où ils auront à rendre compte devant une justice algérienne libérée ou, à défaut, devant des juridictions internationales ». En conclusion, les principaux mots d'ordre du mouvement contestataire, tel qu'il est structuré dans la diaspora, sont rappelés : départ immédiat du régime avec tous ses clans, dissolution de la police politique et des organisations du pouvoir dont le FLN et le RND, libération des détenus politiques et arrêt des différentes formes de répression, mise en place d'une véritable transition démocratique en respectant le principe de la primauté du politique sur le militaire, etc. S'en suivit alors un florilège de prises de paroles de leaders associatifs, syndicaux et politiques (algériens et amis d'Algérie français et maghrébins) ainsi que de simples citoyens, portant majoritairement sur la nécessité de poursuivre la révolution citoyenne en cours d'une manière pacifique et dans un esprit d'unité afin d'éviter sa « confiscation » par les différents acteurs de la « contrôle-révolution » !