Pour le premier responsable de l'institution douanière, les pertes fiscales nées du démantèlement tarifaire seront compensées par les gains induits par l'accroissement des flux commerciaux. C'est un Sid Ali Lebib serein et “plein de détermination” qui a présidé une rencontre, hier, avec la presse où il a été surtout question du mode d'emploi pratique de l'accord d'association avec l'Union européenne, techniquement, juridiquement et économiquement décortiqué pour les besoins de compréhension des opérateurs économiques. Sur la lancée, le directeur général des douanes a démenti formellement “les rumeurs et informations selon lesquelles il serait remplacé incessamment”. Qualifiant ces informations de “quarkabou” (rythme musical traditionnel), il dira qu'eu égard à l'importance de sa mission et aux coups durs que son institution a donnés à certains barons de l'import telles les saisies opérées sur les conteneurs de pétards et autres marchandises prohibées, “il est donc normal que certains de ceux que notre action dérange soient à l'origine de ces rumeurs”, lance-t-il. Revenant sur l'accord d'association, Sid Ali Lebib estime qu'il sera bénéfique aux opérateurs économiques dans le sens de la réduction des coûts, notamment pour les matières premières (plus de 2 000 matières premières sont concernées par un taux zéro de droits de douane), ce qui à son sens permettra une plus grande compétitivité. Il déclarera également que le manque à gagner pour le Trésor découlant du démantèlement tarifaire sera compensé par le volume des flux, et donc rattrapé fiscalement. Sans oublier qu'en plus de cet effet compensatoire, il faut souligner que la réduction ou la baisse des droits de douane sont appelées à stimuler la consommation domestique.“On ne pourra évaluer ce taux de manque à gagner qu'en procédant à un comparatif entre deux années d'exercice”, l'ont rejoint dans cette analyse ses collaborateurs directs, en l'occurrence MM. Abbas et Bouguelid. L'on est convaincu de la portée de ce “challenge” qui ouvrira des horizons européens aux produits algériens, tout en soulignant, par ailleurs, que l'entrée en vigueur de l'accord permettra de contenir les courants de fraude et de les voir s'effacer grâce à la nature de la coopération mutuelle et la coopération entre douanes étrangères tel que ressortant de l'accord. “Le phénomène de minoration de valeur ou de fausse déclaration sur l'espèce et le poids auront tendance à disparaître”, expliquent les conférenciers pour qui l'accord a été “excellemment négocié par le gouvernement algérien”.Qui profitera des contingents introduits sur certaines marchandises et à quelles conditions se fera le tri ou la sélection ? Les conférenciers diront que ce sera suivant la formule du “premier venu premier servi”, c'est-à-dire que celui parmi les importateurs qui introduit sa déclaration avant les autres sera l'heureux bénéficiaire des tarifs préférentiels et est en mesure même d'épuiser à lui seul le quota (contingent ) fixé. Pour assurer l'équité et la transparence, les douanes vont manœuvrer de telle sorte à éliminer l'intervention de l'homme en confiant cette mission de l'établissement de la chronologie au système informatique qui classe suivant les heures et les minutes, parfois même les secondes l'ordre des déclarations d'importation introduites comme référence. On ne tiendra pas compte de la date de domiciliation bancaire ou de celle de l'embarquement des marchandises, mais plutôt celle de l'introduction de la déclaration par les transitaires au niveau des Douanes. Il faut rappeler que dans ses négociations, la partie algérienne a refusé la gestion des contingents suivant le système des licences ou d'agréments à répartir sur les opérateurs, et ce, “afin d'éviter les risques de mauvaises manœuvres de corruption et autres dérapages”. Quant à la détermination de l'origine des produits, notamment les risques de falsification de leur document attestant de l'origine européenne, les conférenciers estiment que celui-ci est “verrouillé contre le trafic car pourvu de certains atouts techniques qui le rendent difficile à copier”, en ajoutant que l'assistance mutuelle jouera également comme un autre moyen de dissuasion et cela en attendant de lancer, dès janvier prochain, le système de communication électronique entre les divers partenaires européens. En clair, les Douanes algériennes se disent prêtes pour le jour J, soit le 1er septembre prochain. L'économie algérienne, quant à elle, l'est-elle pour autant, et ne risque-t-elle pas de se voir absorbée par des produits européens de qualité dominante et de danger réel sur les investissements domestiques naissants ? ABDELKRIM WAHIB