Plusieurs partis politiques, organisations de la société civile, ONG et personnalités nationales ont demandé l'ouverture d'une enquête pour déterminer les responsabilités dans ce décès. Décédé mardi au pavillon carcéral de l'hôpital de Blida, le Dr Kamal-Eddine Fekhar sera enterré demain ou après-demain au carré mozabite du cimetière d'El-Alia à Alger, comme il l'avait souhaité. L'information a été confirmée, hier, par Me Salah Dabouze, avocat des détenus d'opinion de Ghardaïa. Selon l'avocat, les autorités ont transféré la dépouille du défunt à Ghardaïa avant que la famille ne décide de la rapatrier à Alger afin d'exaucer le vœu du défunt. L'avocat a informé que l'autopsie a été faite à l'hôpital de Blida le jour du décès et que les résultats sont attendus dans une dizaine de jours. À noter que dès l'annonce du décès du Dr Fekhar, plusieurs partis politiques, organisations de la société civile, ONG et personnalités nationales ont réagi en demandant l'ouverture d'une enquête pour déterminer les responsabilités dans ce décès. Me Abdennour Ali-Yahia a déclaré avoir appris "avec une profonde tristesse le décès dans des conditions insupportables du Dr Kamal-Eddine Fekhar avec qui j'ai travaillé pendant une longue période ; il était membre dirigeant de la Laddh à l'époque où j'en étais le président". Me Ali-Yahia témoigne que le défunt "a répandu dans la wilaya de Ghardaïa toutes les idées de démocratie, d'Etat de droit, de défense des libertés individuelles et collectives". "Il se dépensait sans compter pour la sauvegarde de la population mozabite opprimée", ajoute l'avocat, qui dénonce "avec vigueur les conditions carcérales ayant conduit à son décès". Il a estimé que le pays "perd un brillant défenseur des droits de l'Homme". Amnesty International a souligné dans un communiqué que "Kamal-Eddine n'aurait jamais dû être arrêté. Sa mort en détention exige des autorités algériennes qu'elles examinent leur traitement de Fekhar et leur bilan épouvantable en matière de droits humains", appelant "les autorités à ouvrir immédiatement une enquête effective, indépendante et impartiale sur les circonstances de son décès et à traduire en justice toute personne soupçonnée d'avoir une responsabilité pénale dans cette affaire". Amnesty a rappelé que le 19 avril dernier "le manifestant Ramzi Yettou est mort après avoir été roué de coups par des policiers. Aujourd'hui, nous pleurons le décès de Kamal-Eddine Fekhar, détenu seulement pour avoir exprimé ses opinions". "Notre message aux autorités algériennes concernant les violations systématiques et répétées est le suivant : assez ! Il ne faut pas que ces violations se poursuivent, et l'impunité pour les graves atteintes aux droits humains doit être combattue", ajoute le communiqué, indiquant que "les autorités algériennes doivent immédiatement revoir leurs politiques répressives et le traitement honteux réservé aux militants et aux manifestants dans le pays et laisser un espace à la liberté d'expression et au droit de manifester pacifiquement". L'association RAJ a demandé, pour sa part, "l'ouverture d'une enquête indépendante et transparente pour déterminer les circonstances de la mort de Kamal-Eddine Fekhar". Dans une déclaration rendue publique, les notables de la vallée du M'zab ont, eux également, appelé à l'ouverture d'une enquête pour déterminer les responsabilités dans ce décès. Comme ils ont appelé à l'ouverture d'une autre enquête sur les événements meurtriers qu'a connus la région depuis 2013. À Ghardaïa, plusieurs manifestations ont eu lieu depuis l'annonce du décès du Dr Fekhar. Hier encore, des centaines de citoyens ont marché dans les grandes artères de la ville pour appeler "au jugement des responsables de la mort du Dr Fekhar".