Le décès, suite à une grève de la faim, du militant des droits de l'Homme, Kamel Eddine Fekhar, continue de susciter les réactions d'indignation parmi la population et la classe politique. Hier, ce sont des centaines de personnes qui ont manifesté pacifiquement à Ghardaïa pour dénoncer «l'attitude» des pouvoirs publics et des instances judiciaires à l'égard de Fekhar. Selon l'APS, les manifestants brandissant l'emblème national et l'étendard amazigh ont investi l'artère principale de Ghardaïa menant vers les sièges du tribunal et de la wilaya, en réclamant l'ouverture d'une enquête «indépendante sur les circonstances» de la mort du Dr Fekhar. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir judiciaire et au chef de l'exécutif de la wilaya, les accusant nommément d'être « à l'origine de la mort » de Fekhar. «Oulach Smah Oulach» et «libérer les détenus encore incarcérés» ont été, entre autres, les slogans scandés par les manifestants qui ont également appelé à manifester de façon civilisée, sans destruction ni casse, avant que la foule ne se disperse dans le calme. Une marche similaire a été organisée dans la nuit de mardi à mercredi derniers. De son côté, le conseil des sages mozabites de ksar Ghardaïa a appelé à l'ouverture d'une enquête « urgente, impartiale et sérieuse » pour déterminer les raisons de l'agression contre la vie de Fekhar ainsi que sur les conditions de sa prise en charge médicale. Dans un communiqué rendu public, mardi dernier, le Conseil a également exigé de connaître les raisons de l'incarcération du militant des droits de l'Homme, demandant des comptes aux responsables judiciaires et sanitaires de cette mort. Le même document appelle à la réouverture du dossier sécuritaire des événements de Ghardaïa pour dévoiler toutes les vérités et poursuivre les responsables du drame ainsi que l'ouverture des dossiers de corruption qui touche tous les secteurs. Le Conseil exige également la libération immédiate de tous les prisonniers liés aux événements de Ghardaïa, qualifiés de «crime planifié» et de s'arrêter sur les conditions carcérales «inhumaines» à la prison de Ghardaïa. Pour leur part, les associations de quartier du ksar de Ghardaïa, ont demandé, dans un communiqué, aux autorités sécuritaires et judiciaires à ouvrir des investigations «professionnelles et sérieuses» pour faire toute la lumière sur la cause du décès de Fekhar ainsi que la libération «sans conditions» de Hadj Brahim Aouf. La même source appelle à la sagesse pour barrer la route aux forces du mal et aux tenants de sédition qui tentent d'instrumentaliser la mort de Fekhar pour embraser la situation. Rappelons que mardi, plusieurs parties ont réagi à la mort de Fekhar dont Karim Tabbou qui a dénoncé un « assassinat politique», Najia Bounaïm, la directrice des campagnes pour l'Afrique du Nord d'Amnesty International, qui a déclaré que «les autorités doivent immédiatement ordonner une enquête effective, indépendante et impartiale sur les circonstances de son décès et traduire en justice toute personne soupçonnée d'avoir une responsabilité pénale dans cette affaire». Ali Benflis, le président de Talaie El Houriyet a estimé que «les causes de son décès en prison doivent être portées à l'opinion publique en toute transparence». Me Mokrane Aït Larbi s'interroge, quant à lui, sur l'impunité des responsables de cette tragédie et demande «qu'une véritable enquête soit menée par un organe indépendant pour déterminer les responsabilités». «Nous vivons l'apartheid» a dénoncé Sofiane Djilali, le président de Jil Jadid. Le PT fait porter l'entière responsabilité de cette disparition «aux pouvoirs publics car ils l'ont laissé mourir en prison alors qu'ils étaient régulièrement alertés».