Pour ce seizième vendredi de contestation pacifique et le premier après le mois de Ramadhan, la mobilisation populaire a été, encore une fois, au rendez-vous à Sidi Bel-Abbès. Les milliers de manifestants sont sortis pour dire non au prolongement du mandat, rejeter le dialogue sans la transition et réclamer le départ du gouvernement Bedoui. En effet, comme à l'accoutumée, les manifestants, bravant les aléas de la chaleur, ont battu le pavé avant d'organiser un rassemblement sur la place du 1er-Novembre-1954, où ils ont également exprimé leur ras-le-bol du système politique tentaculaire et des élus des deux Chambres parlementaires : "Non à des élections qui ne profitent pas au peuple", "Y en a marre de vous : FLN, RND, MPA, TAJ, îssaba, dégagez, dégagez", "Pas de dialogue, nous voulons une période transitoire", "Nous ne voulons pas d'une élection sous le règne de ceux qui ont fraudé les élections passées". Tout en réitérant la fraternité ente le peuple et l'ANP, ils ont aussi clamé haut et fort : "Djeïch, chaâb, khawa khawa" mais "Dawla madania, machi askaria" ou encore "C'est le peuple qui choisira son président". Sur les banderoles et les pancartes brandies par les manifestants qui arboraient le drapeau national et celui de l'amazighité, on pouvait également lire : "Le peuple algérien est libre et restera libre dans son unité et la paix." "Notre cause est juste et notre union est parfaite." "Pour une Algérie meilleure et une démocratie majeure, sinon madarna walou." "N'ayez pas peur du vide constitutionnel, il sera comblé par les libres et les honorables Algériens", etc. La procession humaine qui grossissait au fur et à mesure a sillonné les artères de la ville en empruntant l'habituel parcours du tramway, très prisé par les manifestants, en passant par l'avenue Larbi-Tebessi et le boulevard La Macta, où des slogans hostiles au régime ont été scandés, sous les youyous et les applaudissements : "On n'est pas l'Egypte ou le Soudan", "L'Algérie, c'est la liberté et non l'esclavage", "Ne pas faire marche arrière jusqu'à ce qu'ils partent", "Bensalah, crains Dieu et démissionne !" et "Pas de vote avant qu'ils ne partent tous." À la fin, les marcheurs se sont dispersés dans le calme, sous la vigilance de policiers déployés en nombre sur la place publique et lors de la marche.